chapter one
La jointure de mes doigts était blanche, jamais, je n’avais ressenti une telle colère. Ma colère. J’avais  toujours appris à refouler mes sentiments et à évincer, ceux des autres. Allistair, mon petit frère me prenait pour un maniaque du contrôle et ce n’était pas  plus mal. Mais là, j’en tremblais. Les poings et la mâchoire serrés, je tournais en rond dans le dortoir de Durmstrang. Mes yeux me piquaient, comme si on m’avait aspergé d’une substance corrosive. Je n’avais rien avalé de la journée, et pourtant, je sentais de la bile au fond de ma gorge. Cette situation me rendait tout simplement malade. Ma raison me disait que mon devoir était d’en informer Aleksander, le dirigeant de la marche à laquelle j’appartenais. Ma cœur me dictait une tout autre version de ce que je devrais faire. J’avais besoin de sortir m’aérer l’esprit. Je sortais de la pièce, laissant mes pas me guider. J’actionnais une poignée sans vraiment savoir où cette porte me mènerait. Je pénétrais dans une pièce aussi lumineuse que la lumière du jour le permettait. Je me dirigeais vers la fenêtre, avant de l’assoir sur le rebord pour examiner l’extérieur. Cela m’évitait de trop penser. Pourtant, Merlin en avait décidé autrement. Il m’envoya Oksana, mon seul et unique amour, la traitresse à son devoir. Celle qui venait de me poignarder dans le dos. Je savais que c’était elle, bien avant qu’elle n’apparaisse dans mon champ de vision. Je tentais d’avaler la boule qui obstruait ma gorge, mais rien n’y fit. Ma mâchoire se contracta en entendant sa voix. « Franz, je t’ai chercher toute la journée … », commença t-elle, doucement. Je fermais le yeux pour éviter de réagir trop brutalement. Je sentais son inquiétude me transpercer, mais je restais impassible comme je savais si bien le faire. « J’avais besoin d’être seul. », répondis-je en continuant de regarder par la fenêtre, avant de me lever et lui faire face. Son visage rassemblait plusieurs émotions à la fois : l’inquiétude, l’étonnement et peut être bien de la peur aussi. « Ca n’a pas été une très bonne journée, vu que j’ai découvert que la personne qui m’était le plus cher, m’avait trahi. », lâchais-je, ma voix claquant comme un fouet dans l’air de la pièce. Son regard ne lâcha pas le mien, mais j’y vis de la tristesse. Etait-elle triste que j’eus découvert son secret ? « Ce n’est pas ce que tu crois. », affirma t-elle, en se dirigeant vers moi. Sa main s’empara de ma joue en un geste délicat, mais je me dégageais de son étreinte en une fraction de seconde, mes yeux lançant des éclairs. Comment pouvait-elle me regarder, me toucher ainsi, en me disant de tels mots ? Je sentais la colère se muer en fureur, irradiant la pièce, mais je faisais tout pour me contrôler. « Et qu’est ce que je crois, Oksana ? », sifflais-je de rage. Elle recula d’un pas, prenant sans doute conscience qu’il n’était pas raisonnable de m’approcher. Ma façade impassible n’existait plus, j’étais bien conscient que tout le contrôle du monde ne pourrait pas me calmer en cet instant. Je la vis passer ses mains sur son visage. Oksana était une battante, elle avait affronter bien pire que moi, pourquoi semblait-elle si abattue ? J’étais tellement occupé à contrôler ma rage envers elle, que je ne me préoccupais pas des émotions qu’elle me transmettait. « J’ai vu un petit garçon de Poudlard se faire torturer à mort pour des informations. Cela aurait pu être Allistair à son plus jeune âge, c’est ça les idéaux que l’on défends ? Répandre la mort autour de nous, juste pour avoir le pouvoir ? », répondit-elle, avec vigueur. J’avais souhaité qu’elle démente, qu’elle me dise que ce que j’avais découvert sur sa trahison n’étais que pur mensonge ! Mais non, elle en avait décidé autrement, enfonçant encore plus profondément le poignard dans mon cœur meurtri. « On est en guerre, des sacrifices sont nécessaires. », affirmais-je, avec autant d’aplomb qu’elle. Elle avait tuer des innocents, elle aussi, chacun avait été libre de choisir son camp. « Les idéaux de Durmstrang sont extrêmes, Franz. Tu le sais bien, si jamais Poudlard gagne, je ne donne pas cher de notre peau à tous ! Viens avec moi, je t’en prie. », continua t-elle les larmes aux yeux. Je fronçais les sourcils, était-elle entrain de me convaincre de passer dans un autre camp ? Du coté de Poudlard. Je secouais la tête. « En plus de t’être servi de moi, de m’avoir trahi, tu voudrais que je trahisse mon camp pour toi ? », m’écriais-je, en tremblant. Je m’approchais d’un pas. Pas pour la prendre dans mes bras, comme mon corps le réclamait, mais pour pointer ma baguette vers elle. « J’ai choisi mon camp, et qu’importe si cela fait de moi un monstre. Je ne le trahirais pas. », finis-je. Elle baissa les yeux sur la baguette qui été pointé vers elle, comme si elle n’était pas vraiment là. Ses yeux étaient brillants comme s’ils allaient se remplir de larmes. Mais mon esprit était focalisé sur la colère que je ressentais, et non plus, sur ses sentiments à elle. « Je ne suis pas fière de ce que j’ai fais, mais Franz, jamais je ne te trahir… » « Je ne veux plus t’entendre, tu en as déjà assez fait. Va t’en. VA T’EN ! », hurlais-je en l’interrompant, ma baguette toujours pointée vers elle. Elle battit en retraite, me lançant un dernier regard avant de disparaître derrière la porte en bois massif. Quand cette dernière se referma, mon cœur explosa en un millier de morceau. Ma main retomba mollement contre mon flanc et je reculais vers le mur le plus proche, avant de m’y laisser glisser. Je lâchais ma baguette, prenant ma tête entre mes mains, puis, je poussais un hurlement empli de colère, de tristesse, et de souffrance.

Voilà, quelques mois que je n’avais plus aucunes nouvelles d’Oksana. Malgré la douleur de sa trahison, une autre plus lancinante avait pris place dans mon cœur. Je l’avais couverte, cachant sa trahison, alors que mon devoir me dictait de tout dire à mon supérieur, mais mes sentiments pour elle, étaient encore trop présents. Un vide dans ma poitrine avait fini par se creuser. Je me jetais à corps perdu dans la bataille, les stratégies à établir tout en essayant de ne pas penser qu’elle y serait, sur ce champ de bataille. Devenu plus froid, plus cassant, ne parlant que très peu, je ne laissais personne m’approcher, encore moins ma famille. Aimer, c’est détruire, avais-je un jour entendu. J’avais fini par comprendre le sens de cette phrase en l’expérimentant malgré moi. Durant le printemps 1616, une bataille de plus faisait rage entre Poudlard, et nos troupes. Nous avions établi notre camps dans une foret. Alors que je sortais de la tente qui m’était attribuée, épée à la ceinture et baguette à la main, et un air déterminé sur le visage, un de mes camarades m’arrêta dans mon élan. Je braquais mes prunelles sur son visage, fort peu content d’avoir été interrompu dans mes prévisions. « Tu dois rester sur le camp, aujourd’hui, Franz. Tu dois te reposer. », déclara t-il, et un unique grognement lui répondit. Je ne voulais pas me reposer. A chaque fois que je fermais les yeux, son image était imprimée sur mes paupières. Je rebroussais chemin, la mine renfrognée. J’étais devenu un monstre, un monstre sans cœur. Je ne trouvais que du soulagement à écorcher vif, et tuer tout le peuple de Poudlard. Pour leur faire payer la trahison d’Oksana. Sentir leur douleur, leur dernier souffle de vie s’échapper hors de leur corps, me procurait un sentiment de contrôle comme je n’en avais pas connu depuis longtemps. Je finis par entrer dans ma tente, et m’étendre sur la paillasse. Cependant, je ne pouvais pas me résoudre à fermer les yeux. C’était bien trop dur. Généralement, j’attends toujours de m’effondrer de fatigue, mais là, le sommeil n’était pas prêt à m’emporter. Quelques heures plus tard, j’entendis des rires gras devant ma tente. Ces mêmes rires qui signifiaient qu’il y avait un prisonnier. Je m’élançais hors de mon habitation, croisant les responsables de cette animation dans le camps. « Que se passe t-il ? », demandais-je, abruptement aux hommes. Ils figèrent, en se tournèrent lentement vers moi. « On a mis la main sur cette chienne de traîtresse. Oksana Karénina..», cracha t-il, avec un sourire mauvais. Je restais impassible alors qu’en réalité, mon sang se glaça. Je me permis à mon tour, un sourire. Je devais protéger mes arrières, quoi qu’il advienne. J’observais les alentours, avant de froncer les sourcils. « Où est-elle ? », demandais-je avec détachement. Il ricanèrent de nouveau en me pointant la tente d’Aleksander. Juste au moment où je posais mon regard sur cette dernière. Le chef de la marche en sortit, épée à la main, suivi de Juliana. Je déglutis. Il passa devant moi, sans me voir. Ce qui m’arrangea. Il embarqua quelques hommes, et disparu au loin. Le camp était presque désert, et je me faufilais vers la tente, le cœur tambourinant contre ma cage thoracique. Cela ne pouvait pas être vrai, pas elle, j’avais tout couvert, ils n’avaient pas pu la retrouver, elle était bien trop maligne ! A peine avais-je mis un pied sur le seuil que mes yeux ne purent se détacher de l’horrible scène qui se déroulait, là. Je m’écroulais à ses côtés, retenant à grand peine mes larmes. Une mare de sang enveloppait le corps de la jeune femme, ses doigts étaient poissés de sang, là où l’épée l’avait transpercé. « Non, non, non … », chuchotais-je, les sanglots étreignant ma gorge. Je m’emparais de son corps, ne sachant pas combien de temps, Aleksander serait parti. Dans mes bras, elle était aussi légère qu’une plume, on avait l’impression qu’elle dormait. Je m’éloignais du camp, discrètement, sans me faire repérer. Je m’enfonçais au cœur de la forêt avant de m’arrêter, à bout de force. Je la déposais au sol, me laissant tomber à ses cotés. Je me saisis de son visage, le serrant contre moi, alors que les larmes étaient entrain de dévaler mes joues. « Espèce d’idiote, pourquoi ? pourquoi a-t-il fallu qui tu partes si loin de moi. Je n’ai pas pu te protéger. C’était mon rôle ! J’aurais du te protéger, même si chaque cellule de mon corps t’en veux pour m’avoir trahi. », sanglotais-je, ne retenant plus ma douleur. Cette dernière lancinante s’insinuait lentement dans mes membres, glaçant mes veines, chauffant mon cœur et mon cerveau à blanc. « Tu étais la seule. La seule qui pouvait m’apaiser, et me faire sortir de mes gonds en même temps. La seule qui pouvait me faire passer du rire à l’angoisse. La seule qui a réchauffer et détruit mon cœur. Je m’en veux tellement, je devrais te haïr du plus profond de mon être, mais je ne suis bon qu’à t’aimer. », continuais-je, inlassablement, comme si elle était encore consciente, comme si sa vie ne s’était pas encore éteinte. J’écartais son visage de mon corps pour pouvoir mettre mes mains de chaque coté de ses joues. « Tu m’entends, je t’aime ! Ne me laisse pas, tu n’as pas le droit de me laisser ! », murmurais-je d’une voix rauque, en fixant son visage d’ange. Elle resta figée, me prouvant seconde après seconde qu’elle ne faisait plus partie des vivants. Je pleurais, comme jamais, je ne me l’étais permis. Mon front contre le sien, mon cerveau me réfléchissait plus correctement. Il était temps de l’enterrer, enterrer son corps et lui accorder le repos éternel, loin de moi. Je me relevais, sortant ma baguette. Je creusais un trou pour sa sépulture, puis je fis apparaitre un drap blanc, signe de pureté, pour pouvoir envelopper son corps. Seul son visage n’était pas encore couvert. Je m’agenouillais prés d’elle, déposant un baiser sur ses lèvres puis un autre sur son front. « Je te promets qu’on se reverra, je viendrais te rejoindre quand le temps sera venu. », murmurais-je, avant masquer son visage et la faire léviter pour la déposer dans le trou que j’avais creusé. Ma main tremblait, et les larmes voilaient ma vue, je lui lançais un dernier regard avant de la recouvrir de terre. Personne ne s’était aperçu de mon absence, personne ne se formalisa de la disparition du corps. J’avais enterrer Oksana, ainsi que mon cœur avec elle. Aimer, c’est détruire

La guerre avait laissé ses cicatrices, les pertes humaines, la haine, la reconstruction. J’avais perdu mon âme sœur, mes frères et ma famille. Il ne restait plus que moi, pour faire perdurer le nom de Rosenthal. J’ai créer la société Rosenthal & Cie après la Purge. Signe que j’avais réussi à y échapper. Je m’étais en partie reconstruit. J’avais rencontré une jeune femme, belle. Mais pas autant qu’elle. Elle avait pansé tant bien que mal mes blessures, acceptant mes silences, et mon amour particulier pour elle. Je ne l’aimais pas d’un amour passionné et destructeur, mais je l’aimais comme un ami, comme un homme devait aimer sa femme, d’un amour raisonnable et doux. Elle m’a donné des jumeaux, un garçon et un fille. De très beaux enfants. L’émotion m’avait étreint lorsque j’avais réalisé qu’il m’était encore possible d’aimer, d’un amour sans borne. J’avais accepter de vivre une vie rangée, tranquille et sans fioritures. Mais la vie en avait décidé autrement. Le jour de mes trente-huit ans, alors que j’allais acheter des fleurs pour mon épouse, un homme m’attaqua. Je ne vis rien venir, moi l’ancien soldat. Un éclair vert me projeta contre un mur de la ruelle, et je n’étais plus. Cependant, un sourire subsista sur mon visage. Après toutes ces années, j’allais la rejoindre.

chapter two
Non !. Je me réveillais en sueur, la respiration sifflante, une douleur aigue dans les membres et au niveau du crâne. Si je n’avais pas tant de self-control, je me serais mis à pleurer. Mais il en été hors de question. Pourtant son visage d’ange, pâle comme la mort, ses yeux grand ouvert et ses cheveux en bataille se rappelèrent à mon souvenir. La douleur dans ma poitrine se raviva. Depuis que je l’avais revu, j’avais perdu tout ce que j’avais construit autour de ma personnalité, cachant aux yeux des autres que je me rappelais de ma vie antérieure, pour ne pas être pris pour un fou. J’étais devenu un être nerveux, craignant de détourner mon regard d’elle. Alors, je me faisais discret, la protégeant du mieux que je pouvais. Elle ne me reconnait pas, et ce n’est pas plus mal. Au moins, cela nous permettra de ne pas souffrir en répétant les erreurs du passé. C’est mieux ainsi. Je ne suis plus Franz et, ce n’est plus Oksana. Cependant, j’avais gardé chaque souvenirs de ma vie antérieure, chaque sourire, chaque souffle, chaque douleur, et chaque perte. Même si je n’étais plus cet homme, je continuais à ressentir la peur d’une nouvelle perte. Pourtant, je ne le connais pas, je ne lui ai jamais adressé la parole. Alors, les cauchemars se font de plus en plus présent, toujours elle, en actrice principale avec une fin tragique à la clé. Comme si le passé venait frapper à ma porte à coup de bélier. Je ne pas me permettre de lâcher maintenant. J’avais réussi à maitriser mon empathie, la douleur de mon frère face à la folie de ma mère, la personnalité de ma mère face à mon frère, l’imbécilité de mon ainé … Je gérais chacune  de ces situations sans jamais laisser paraître un quelconque sentiment. Mais, elle, c’est affolant de constater à quel point, elle me donne du fil à retordre. Je ne tardais pas à me lever pour tenter d’arracher ses souvenirs douloureux de mon esprit. Mais le destin ne semble pas vouloir m’y aider. A peine ai-je mis un pied hors de la salle commune pour rejoindre mes camarades dans la Grande Salle que je la croisais. Toujours aussi flamboyante avec sa chevelure de jais. Mon regard croisais le sien, je me détournais rapidement, cachant mon trouble aux yeux des autres. Je me drape dans ma froideur habituelle. La journée s’étirait lentement, je m’ordonnais alors de ne plus penser à ses yeux volcaniques. Mais la fatalité en avait décidé autrement, la remettant sur mon chemin de manière violente, brutale. A la fin de cette journée, et au détour d’un couloir, j’entendais une jeune femme hurler. Mon corps se tends, je sais que c’est elle. Je m’élance, me retrouvant face à une Saskia bouillonnante de rage … avec les mains autour du cou d’un autre jeune femme. Ni une, ni deux, je l’encerclais sa taille d’un bras, agrippant ses poignets de l’autre. « Lâche-la ! », soufflais-je à son oreille, et elle fouette l’air de ses pieds pour m’éloigner, sans succès. « Saskia, calmes-toi ! », continuais-je, et un moment de trouble s’empare d’elle. Je saisis ma chance. Je l’arrachais de cet acte barbare, et la portais à moitié pendant qu’elle griffe l’air comme une sauvageonne. Une porte se fermait derrière nous, je la gardais contre moi, son dos contre ma poitrine avant de la relâcher. Acte douloureux que j’effectuais tout de même. Elle hurle à nouveau, se jetant sur moi et me prenant par surprise. Ma tête cognait contre le mur et je me ressaisis, reprenant notre position initiale. « Chhhhh ! », soufflais-je, pendant quelques minutes, comme si le temps s’était figé. Une fois sûr, qu’elle ne se remettra pas dans tous ses états, je la relâche, et quitte les lieux en quatrième vitesse. Qu’ai-je fais ? Une erreur, une grosse erreur. Mes songes s’affolent. Je l’ai touché, son contact m’avait tellement manqué. Je lui ai parlé, je l’ai rassurée ! Mais ce n’est pas bien, c’est tout le contraire de ce que je voulais ! Sa violence me rappelle ma mère, mais je tais rapidement cette pensée … comme les suivantes.