Deux ans avant la guerre

"Si j'ai bien suivi votre raisonnement Monsieur,  vous dites qu'une catastrophe majeure va secouer le monde magique d'ici un à trois ans, c'est ça ?"  

Serguei avala une gorgée supplémentaire de café, la laissant rouler au fond de son oesophage.

"Exactement Sacha. J'aimerais bien que les autres élèves aient autant de clairvoyance que toi. Malheureusement, l'intercours semble plus intéressant, vu le taux de désertion.

-Mais monsieur Botcharov, il y'a l'attrapeur des Hiboux Égarés sur la place pour une série de dédicace du coup...

- Certes. Si tu veux un conseil, écoutes celui-ci. Dès que tu finis ton année. Pars. Pars loin, isole toi et attend. Chacune des étoiles de ces trois constellations indiquent la même chose.

-Et vous Monsieur ? Où allez-vous vous réfugier ?

-Nulle part Sacha. Tu découvriras que dans le ciel, la destinée de chacun est écrite, mais nous ne pouvons chacun lire que la nôtre. La mienne m'a donnée une raison d'être, une raison d'être un homme. Et ce but pour moi est de protéger notre directrice.

-Je vous souhaites bonne chance monsieur. Dès que j'aurais mon diplôme, je filerais dans le grand nord. Nous verrons ainsi si vous aviez raison !"

Sergueï soupira, terminant sa tasse alors que son élève préférait sortait de la pièce... Oui, ils en reparleraient si les deux restaient en vie...

Mars 1616

Le conseil battait son plein, les idées et les stratégies militaires fusaient en tout sens. Alors que le professeur de magie noire exposait un plan de contournement des défenses européennes, les portes s'ouvrirent dans un grand fracas. Rapides et méfiants, l'intégralité des membres du conseil dégainèrent leurs baguettes et les pointèrent en direction de cette perturbation sonore. Mais la seule menace qui apparut fut le moustachu professeur de cartographie du ciel.

Le maître des poisons et potions poussa presque un cri de colère :

"Sergueï Vaguine Botcharov, comment osez vous arriver en retard ? Et  de façon aussi bruyante !"

L'invectivé ignora cette agression verbale et se dirigea directement jusqu'au bureau de Freya, avant de lui tendre cérémonieusement une tasse de café.

" Ma dame, permettez moi de vous offrir un Blue Montain en espérant qu'il puisse vous convenir."

La directrice hésita un instant, puis, apercevant la ferveur dans les yeux de son principal admirateur, l'accepta, en goûtant une petite gorgée, la savourant avant d'hocher la tête, signifiant ainsi à Botcharov son congé et son assentiment vis à vis de la saveur du breuvage. Ce dernier alla donc se rasseoir. Pour les autres du corps éducatif, c'était une excentricité de plus, mais pour Sergueï, c'était une victoire tangible, il se rapprochait d'autant plus de son aimée...

12 Mars 1618

Le cinquième groupe d'éclaireurs de la marche de l'ouest patientait, aux aguets et particulièrement à cran. Leur mission les avait amenés en territoire ennemi, à la recherche de renseignements. Il était composé de quatre élèves, trois en dernière année et un plus jeune, qui montait la garde. La petite unité ignorait que le professeur de cartographie du ciel, affecté au ravitaillement, se dirigeait vers leur petit campement afin de les réapprovisionner en fournitures diverses. Le garçon en cinquième année était appuyé sur son épée, marmonnant son envie d'un café matinal.

Sergueï approchait lentement quand il entendit le mot sacro-saint. Café... Enfin l'entendre serait exagéré, disons plutôt qu'il avait inventé un sortilège qui le prévenait dès que le mot café était prononcé dans le coin. Immédiatement, il transplana en direction de ce mot prononcé. Il apparut juste devant la sentinelle, une tasse fumante à la main, en criant presque :

"Votd'kafé ! "

L'étudiant poussa un cri de stupeur et, par réflexe, donna un gros coup de taille hasardeux, décapitant le professeur Botcharov. Le cri d'horreur du gamin résonna dans les bois, alertant quelques européens. A la fin de l'affrontement qui suivit, les deux survivants du groupe d'infiltration regardèrent le cadavre du décapité. D'un commun accord, ils diraient lors de leur débriefing que le professeur les avait sauvés d'une embuscade, au prix de sa vie...

Février 2008

La première année de magie de Serghar se passait tranquillement. Elle ressemblait à tout, mais aussi à rien. Le choixpeau l'avait envoyé chez Serdaigle, ce qui avait été pour le jeune homme un synonyme de grandeur. Passionné par les sorts eux-mêmes depuis ses premières prémices de magie, il avait commencé à rédiger un recueil qui se voulait devenir la plus complète encyclopédie des sortilèges possibles, connus et imaginables. Il avait ainsi découvert une façon d'ouvrir les bocaux récalcitrants de confiture sans se fatiguer outre mesure. Le jeune Abaddon était ainsi capable de réaliser des sortilèges loufoques, mais avait un mal fou dans la métamorphose. Pourquoi ? Intérieurement, il avait trop peur de perdre sa propre forme. Perdre son identité. Durant un après-midi d'étude, un préfet passa près du jeune homme qui révisait et lui tendit un café fumant. La première gorgée passa tranquillement. Mais la deuxième fit apparaître un flash aveuglant dans son esprit. Il vit par d'autres yeux que les siens un groupe d'élève face à lui. La pièce d'école lui semblait inconnue mais une immense carte du ciel était dessinée sur le plafond. Une voix retentit alors :

"Monsieur Botcharov, vous-avez corrigé les copies ? "

Une douleur cuisante sur son bras le ramena au moment présent. Le café s'était renversé et se répandait sur le haut de ses manches. Serghar grimaça, perturbé par la vision qu'il avait eu. Il ne savait pas que c'était la première d'une longue série...

Septembre 2008

Ah, la rentrée de la seconde année. Ce moment où l'on se sent grand car il y'a de nouveaux arrivants. En un an, il s'était fait une bande d'amis et ils regardaient passer les filles, étant à l'âge où les demoiselles sont toujours d'étranges créatures mais deviennent intéressantes. Le leader du groupe "sortait" avec une poufsouffle du nom de Mary. Il en était des plus fier, alors qu'ils ne faisaient que se tenir discrètement la main aux intercours et s'embrassaient sur la joue. Pour pavaner, il disait l'avoir déjà embrassé avec la langue, ce qui faisait grimacer la bande. Alors qu'ils flânaient pendant une heure de trou, les premières années Serpentard passèrent devant eux. Pour tenter d'attirer l'attention et de paraître viril, une partie du groupe de Serdaigle faisait sembler de se battre mais Serghar, poussé par une vague de courage, décida de traverser leur groupe à contre sens. Quand Cordelia le frôla, un flash le traversa, lui montrant une femme magnifique et lui à genoux devant elle. Immédiatement la première année devint particulièrement importante à ses yeux. Un mot s'échappa de ses lèvres, et il ne su pas si elle l'avait entendu. Mais cette dernière avait soudainement accéléré le pas. Pourtant, le jeune homme avait simplement dit :

" Freya...."