L'après-midi été était plus que clémente. A la pluie de la matinée s'était succédés des rayons de soleil intenses. L'on décida alors d'ériger des tables à l'orée du bois le plus grand du comté. Le cadre, A.V. l'admit volontiers, était des plus magnifiques. La magie des lieux s'était parfaitement mêlée avec celle dont sa mère avait fait usage. Sous la grande tonnelle blanche tendue par de fins mâts d'argent virevoltaient comme de petites lucioles bleu  tamisé tandis que de petites volutes de fumées venaient siffler à l'imaginaire collectif l'idée de nuages. A.V., malgré toute la haine que sa mère lui inspirait, devait admettre que sur ce coup-ci elle avait été excellente.

Le vin commençait à venir inquiéter les esprits des invités. Les maris de ses dames se montraient peu à peu plus rustres tandis que les intéressées vacillaient telles des pendules entre la victime des outrages masculins et la guerrière féministe. Des deux côtés l'ambiance laissait A.V. de marbre. Il s'attendait à ça. Car il savait pertinemment que les gens qui ont tout aiment aussi en abuser, de telle sorte à ne jamais être contentés. Aussi savait-il que le repas improvisé durerait jusqu'aux premières gouttes de la rosée matinale.

✤Beath ! As-tu dit au gamin pour son mariage ?

L'hydromel que sirotait A.V. parut devenir une couleuvre, tant et si bien qu'il manqua de s'étouffer avec. Mariage ? Quel mariage ?

✤Excusez-moi ? Quel est donc cette histoire, encore ? En sera-t-il de même que pour celle concernant votre voyage en Ouzbékistan ? Car si tel est le cas, pardonnez-moi Sir, mais je pense préférer m'abstenir...
✤Que nenni ! Cette fois-ci il est objet de vous marier avec ma fille, mon grand !

A l'annonce de cela A.V. tourna vivement sa tête en direction de sa mère. Son silence ainsi que son teint soudain devenu blême en annonçait long sur ses intentions. A.V., tremblant de rage, repoussa sa chaise en vue de fuir ce dîner abject.

✤Tu ne vas pas faire d'esclandre, Aspen ? J'espère que tu imagines quel travail nous avons fournit pour arriver à ce mariage entre toi et Hammet...
✤Ce tombeau ?! Ma parole mais je ne suis pas briseur de sorts pour Gringotts ! Trouvez-en un autre pour lui débroussailler la haie, je passe mon tour...!

A.V. était doué pour les joutes verbales. Pour le sarcasme aussi. Et l'ironie. Et l'humour tendancieux. En un mot : tout ce qui n'était pas permis parmi la société nobiliaire. L'ennui, il venait exactement de montrer son talent devant les plus proches amis de sa mère. En plus d'avoir insulté ouvertement la fille d'un Sir. Une solution :

✤ASPEN RESTE ICI !!!

Beath, la mère d'A.V., n'essaya pas plus longtemps. Mettons cela sur le compte du majeur levé de son fils en sa direction .
A.V. s'enfonçait dans le bois. Sans but, il fonçait simplement pour ne s'arrêter qu'une fois les voix lointaines, inaudibles. La Lune était haut perchée dans le ciel. Pleine. Brillante. C'était une belle Lune. A.V. s'affala au sol, contre un haut chêne. Il ne pouvait plus supporter sa mère, son univers. Superficiels. Hautains. Arrogants. Pompeux. Tant de choses qu'il ne supportait plus !... Tue-les, alors. A.V. ouvrit de grands yeux. Comment avait-il pu avoir cette idée ?! Jamais auparavant il n'avait eu des pensées si radicales, même envers sa mère. Va plus au fond du bois. Tu comprendras. A.V. ne connaissait pas cette voix qui résonnait dans sa tête. Elle était certes la sienne mais n'avait pas la même intonation. Elle était... effrayante, oui.
A.V. avait toujours été un garçon réfléchi. Certes parfois sa bêtise l'emportait mais jamais il n'avait eu de gros ennuis. Il raisonnait toujours un minimum ou brossait suffisamment l’hippogriffe dans le sens des plumes pour ne pas subir le courroux de ses professeurs. C'est donc avec surprise qu'il se décida à suivre le conseil de son autre conscience.

Le bois devait en fait être une forêt. A.V. était surpris par son étendue. Il commençait même à regretter son choix, de crainte de s'être perdu. Son autre conscience lui avait néanmoins fait remarquer qu'il avait sa baguette, ce qui le rassura. A.V. était extrêmement doué en sortilèges ce qui pouvait lui permettre de se tirer aisément de cette situation. De n'importe quelle situation, pensait-il. Pas celle-ci : derrière toi !
A.V. eu à peine le temps de faire volte face qu'une immense bête se jetait sur lui. Poils hirsutes, gueule grande ouverte et de multiples crocs étincelants à la lueur de la Lune. A.V. se retrouva au sol, la bête face à lui. Ses yeux s'écarquillaient plus encore lorsqu'il vu la gueule du loup-garou s'approcher irrémédiablement vers lui. Ses crocs lui arracher la gorge. Sentir le sang se dégager à flot. Sombrer.

Finalement, c'était beaucoup plus simple qu'il ne l'imaginait de mourir. A.V., pourtant, n'a pas toujours pensé la même chose. Fut un jour où, quand les flammes lui léchaient la peau, il trouvait la mort lente, douloureuse et insupportable. Bien sûr, il ne se souvenait plus de cela. Seul celui qu'il appelait dorénavant son autre conscience en était capable. Hélas pour A.V., il n'était à la fois ni mort, ni en possession de ses anciens souvenirs.

✤Chérie, voyons, je t'aime plus que tout au monde. Il ne devrait même pas être utile de te le rappeler tellement nous avons fait ensemble... Cet enfant gisant qui est là est le nôtre. C'est le fruit de notre amour, il ne signifie rien ?
✤Je ne l'aime pas. Lui non plus.
✤Je ne te crois pas, A.V. est notre fils. Et il est aimant, loyal et juste. Laisse lui une chance.
✤Et pourquoi donc ?! Ca devrait être à lui de faire des pieds et des mains pour recevoir mon amour pour lequel beaucoup de personnes seraient prêtes à payer ! Hier encore un badaud m'a demandé...

Triste retour à la réalité. Même la mort sa mère ne pouvait lui accorder. Résigné, A.V. ouvrit les yeux. Ceux-ci s'emplirent de larmes. La lumière aveuglante, sans doute. Peut-être aussi le soulagement d'être en vie. Celui-ci aussi de voir son père.

✤Papa...!

Un sourire bienveillant s'étalait sur le visage de Newt Diederick. Puis un index sur les lèvres en signe qu'il fallait rester calme. Les Diederick n'avaient jamais versé dans le sentimental.
A.V. faisait peu à peu le lien entre son dernier souvenir et l'instant présent. Son cerveau semblait avoir été emmitouflé dans de la ouate. La tête lui tournait facilement, aussi. Nauséeux et tendu... surtout le cou, tout le côté droit du cou... Il voulu y porter sa main afin de se masser mais son père lui sauta littéralement dessus :

✤Hep ! Hep ! Hep ! Pas touche ! Tu ne vas pas te mettre à détruire tout ce que les médicomages ont réalisé ! C'est du travail de gobelins : comme si rien ne c'était passé !...
✤Newt, pitié, rend-toi compte des sottises que tu peux dire. "Comme si rien ne c'était passé"... Exception faite que tu es un loup-garou.

A.V. ne retint pas dans son estomac la nourriture que l'on avait du lui faire ingérer plus tôt dans la journée. Les draps en furent recouverts. Newt nettoya tout cela d'un vif coup de baguette, sous les yeux dégoûtés de sa femme.

✤Pédagogie, chérie. Pédagogie...
✤Newt, sans moi cette fois-ci.

Beath claqua la porte de la chambre sous le regard indifférent de son fils. A.V. était en effet encore sous le coup de l'annonce de sa mère. Il était... un loup-garou ?! Comment pouvait-il arriver de telles choses aujourd'hui ? N'y avait-il aucun traitement, une espèce de répulsif anti double canin ? A.V. était abattu. Malgré les encouragements de son père, il ne pouvait voir le bon côté des choses. Il n'y avait aucun bon côté. Son père continuait à parler mais A.V. ne l'écoutait plus, perdu dans ses pensées... Haute bourgeoisie. Loup garou. Populaire. Loup garou. Futur Auror. Loup Garou. Vierge. Loup garou. Poudlard. Loup garou... Quoiqu'il pense tout avait un terme à cause de deux simples mots : loup garou.

✤Tu as l'air fatigué, je te laisse te reposer...

Newt vint accoler son fils un moment puis claqua à son tour la porte, bien malgré lui. A.V. ne savait plus comment faire pour s'extirper de cette situation. D'habitude, il arrivait toujours à échapper aux ennuis. Il était un homme fini... pas forcément. A.V. marqua une pause de stupeur dans ses tergiversions. Il avait oublié cette voix, sa voix, qui lui murmurait des choses dans sa tête. Résigné, A.V. ferma les yeux, ne voulant plus penser, poursuivre sa nuit comme si, demain, il se réveillerait pour mettre fin à un mauvais rêve.




La première pleine Lune d'A.V. fut la pire. Bien qu'il n'en ait aucun souvenir, il savait qu'il avait tué. Combattu, même. En témoignaient ses multiples courbatures ainsi que le sang séché en abondance sur sa peau. Il se sentait comme violé. Comme s'il ne contrôlait plus son corps que par intervalles. Son corps partagé par la bête en lui et cette autre conscience qui devenait plus imposante de temps à autre. A.V. la sentait frémir lorsqu'il s'énervait ou durant les dernières trente-six heures avant la pleine Lune. Parfois elle disparaissait, laissant un peu pantois A.V. Puis elle revenait et ils discutaient dans sa tête. L'autre donnait souvent des conseils qui semblaient être des ordres, comme s'il tentait de faire plier A.V. à sa volonté. Définitivement, cette autre était violent, difficile à contrôler et surtout à prévoir.

Il ne restait que quelques semaines avant le retour à Poudlard et le début de la sixième année d'étude pour A.V. Tout c'était vite accéléré. Cela faisait un mois et demi maintenant que la nuit de ces événements s'étaient produits. Il n'avait pas revu sa mère depuis. Newt, quant à lui, s'arrangeait pour passer le plus de temps possible avec son fils. Hélas, c'était toujours trop peu pour les satisfaire l'un comme l'autre.

A.V. envoya un de leurs domestiques sur le Chemin de Traverse. Il savait pertinemment que ses camarades y seraient mais il n'avait pas encore la force d'affronter la foule. Il craignait que l'on repère un changement en lui. Qu'on devine ses problèmes de bêtes internes (comme il les appelle) qu'en bien même il se soit assuré mille fois que ça ne soit pas la pleine Lune et que l'autre soit un minimum sous contrôle. Hélas, à Poudlard A.V. était différent. Il n'était plus le garçon sur la retenue, grand bourgeois faisant attention à son image et son éloquence. Là-bas, au château, il était naturel, sympathique, spontané et rieur. Or, dans de pareilles circonstances on ne peut être suffisamment concentré pour s'affairer à contenir une force aussi vive que l'autre...

La nuit avait plongé la manoir Diederick depuis plusieurs heures maintenant. L'aile de droite était occupée par Beath tandis que celle de gauche par A.V. Celui-ci dormait à points fermés depuis quelque temps maintenant, dès qu'il eut fini de compter les nuits qui le séparer de son retour à Poudlard. Il s'était fait une raison : là-bas il pourrait au moins changer d'air, tenter de se reconstruire. Tandis qu'il rêvait de couloirs en pierre, de sortilèges multicolores jaillissant et de Poudlard repeint d'un rose vif, il se réveilla en sursaut, paniqué. Une idée horrible venait de lui traverser la tête : si l'autre prenait le contrôle du loup-garou, qu'adviendrait-il ? Patience... La voix avait répondu d'un air sadique.




A.V. s'était totalement mis en accord avec lui-même : il ne changerait rien. Il resterait celui qu'il a toujours été, masquant à tous, y compris ses amis, ses soucis de bêtes intérieures. Aussi attaqua-t-il l'année comme n'importe quel étudiant. Il avait installé dans sa malle une boîte d'acier aussi grosse qu'une boîte d'allumettes. A.V. n'avait pas encore eu le temps de la protéger avec sa magie. Pourtant, c'était nécessaire car celle-ci contenait le calendrier des pleines Lune ainsi que l'avancée de ses recherches sur les loups-garous. Enfin, une liste gribouillée de comment lutter contre l'autre. A.V. avait pris nombre de précautions cette année. D'autant qu'un événement majeur avait chamboulé encore un peu plus son quotidien : le Directeur de Poudlard l'avait nommé en tant que préfet de sa maison, Serdaigle.
Lorsqu'A.V. arriva sur le quai du Poudlard Express, il reconnu son groupe d'amis de suite. Ils étaient une dizaine, à rire, crier, gesticuler, à s'amuser entre eux. Faire tout ce que l'on attend d'un élève qui fait sa rentrée, en somme. Il se hâta de les retrouver, remerciant négligemment le domestique qui lui avait monté ses valises. A.V. rayonnait car, enfin, tout redevenait normal: il était parmi les siens...

✤Mais je lui ai rien réclamé, moi ! J'ouvre ma lettre, normal, et là je vois tomber ce badge. Par Merlin, j'y croyais pas ! Je leur ai même envoyé un hibou pour leur demander si y avait pas erreur... mais non ! Ils m'ont vraiment choisi comme préfet...
✤Ils devaient être à court de candidat... Faut dire que t'es clairement le seul potable dans notre maison. Les autres sont soit bons à rien, soit ils volent plus haut que leur balai !...
✤Rappelle-toi que tu es en train de décrire ce que je dois chaperonner, Eustace... Et la façon dont tu en parles me déprime encore plus ! Pourquoi moi ?! J'ai fait quoi pour devenir préfet ?!
✤Arrête de te plaindre et pense plutôt aux passes-droits que tu pourras nous fournir : cette année va faire trembler Merlin dans sa tombe, je te le dis ! Et en partie grâce à ton action de préfet, ahah !

A.V. fut vite appelé par les préfets-en-chef afin de leur expliquer leur tâche durant le voyage en train. Au grand dam de celui-ci, il ne pouvait rejoindre ses amis plutôt que de remplir ses fonctions. C'est ainsi qu'il fit la morale à des premières années, remis à leur place des deuxièmes et troisièmes années et para même des sortilèges lancés contre lui par des cinquièmes années. Et, aussi étrange que cela puisse paraître, l'autre l'avait aidé à se protéger. A.V. se demandait si ce corps qu'ils avaient en commun ne leur était pas précieux aux deux. Mais il n'eut guère le temps de s'étendre plus sur le sujet, son action de préfet nécessitant toute son attention. D'ailleurs, à sa grande surprise, il commençait à apprécier ça. Le Directeur de Poudlard ne lui avait peut-être pas donné le badge pour rien...

Les premiers jours au château étaient comme une renaissance pour A.V. Le train de vie quotidien scolaire lui avait semble-t-il manqué plus qu'il ne l'imaginait, même s'il n'en faisait rien paraître. Seul son père était dans la confidence, via leurs échanges de hiboux quasi quotidiens. Ses amis s'en étonnaient toujours, d'ailleurs. Ils trouvaient troublants qu'on puisse tant détester sa mère et aimer tant son père. Ils avaient du mal à comprendre une situation qu'A.V. lui même ne s'expliquait pas : c'était intrinsèquement gravé en lui.

A.V., dans ses moments de grandes solitude au manoir Diederick, avait souvent tenté de dresser une liste de trois choses qu'il détestait plus que sa mère. Jamais il n'en trouva une seule. Aussi loin que puissent le porter ses souvenirs, il ne voit que de la haine envers Beath. Cette étrangère qu'il n'a jamais compris, cette grande dame de la bourgeoisie anglaise qui fréquente les Lords et on ne sait quel autre cul béni. A.V. haïssait tout ce qu'elle représentait. La domination, la superficialité, l'hypocrisie et l'étiquette. Combien de fois avait-il du se faire violence afin de rentrer dans le petit jeu de sa mère afin de montrer à tous qu'ils étaient une famille parfaite ?...




A.V. est né il y a vingt ans de cela, aujourd'hui. Ce jour fut l'un des plus heureux pour les nouveaux parents Diederick. Newt était si fier d'avoir un fils ! Quant à Beath, elle était ravie d'en finir avec la grossesse et de ce qu'elle considérait comme l'erreur de son mari et le vol de son corps neuf mois durant. Beath ne voulait pas être mère. Plus tard, elle comprendrait qu'A.V. ne voulait pas être son fils. Alors, très tôt, Newt pris une place particulière, celle du lien. Un lien ténu, fragile, entre sa femme et son fils. Celui par lequel la famille est assemblée en un seul et même tout.

✤A.V., mon petit, écoute moi : ta mère t'aime, tu sais ? Ses gestes ont dépassé ses pensées, elle ne voulait pas te faire de mal. Regarde...

Newt passa sa baguette devant le visage de son fils, calmement. Ce à quoi la peau du garçon répondit et refermait les marques sanguinolentes des dents de la fourchette de Beath. Celle-ci avait visé la joue, mais le projectile était venu se planter quelques centimètres sous la paupière gauche. Newt avait piqué une colère à sa femme, puis avait accouru pour soigner et consoler son fils unique. Enfin, ils revinrent tous les deux à leur place autour de la grande table familiale. Beath semblait extrêmement gênée et confuse.

✤Aspen, je te prie de m'excuser...

Avait-elle dit en un murmure, suffisant pour qu'A.V. l'entende. Suffisant pour qu'il y réponde, agressif :

✤Je m'appelle A.V.

Plus jamais Beath ne leva la main sur son fils. Plus jamais elle ne s'excusa, aussi. Entre eux s'était peu à peu installée une trêve : A.V. ferait ce qu'il voulait de son temps libre à condition qu'il soit présent aux côtés de sa mère, en tant qu'enfant modèle, dès lors qu'elle le lui demanderait. Peu à peu, A.V. apprit à se former deux personnalités. La première était la sienne, l'originelle. Celle avec laquelle il était en harmonie. Celle avec laquelle il allait se balader sans but précis, juste histoire de marcher. Celle aussi avec un esprit piquant, vif et malicieux. Terriblement adepte des blagues en tout genre, du combat contre la bien-pensance et viscéralement spontanée. A.V. est véritablement épanoui avec sa personnalité qui est la sienne. A Poudlard, beaucoup le connaissent comme étant un bon vivant, toujours partant pour rire un coup, à l'écoute et très bavard. Plutôt du genre bout-en-train, il est souvent convié aux soirées arrosées. Il fait partie des personnes populaires de Poudlard, autant parmi les élites que parmi les gens plus simples, dirons-nous... Et puis il y a cette autre personnalité, une sorte de masque de bienséance et de protocole, que sa mère lui impose. Se tenir droit, avoir une bonne éloquence, être bien fait et bien mis, avoir de l'esprit, etc... Que de devoirs pour peu de liberté. Il se doit d'être la vitrine de la lignée Diederick. Il doit assurer la continuité de la famille, asseoir plus encore le respect qui leur est dû... Tant de choses qui ne l'affecte guère mais qu'il s'efforce d'obtenir pour son plus grand bien. Pour que sa mère le laisse en paix, en fait.

✤Et voilà le dernier né Diederick ! Dis-moi, depuis la dernière fois que je t'ai aperçu, tu as terriblement grandi et mûri !...
✤Oh, sachez, Monsieur Hampton, que ce sont des choses habituelles dans nos contrées anglaises : les enfants grandissent et deviennent des adultes. Vous, irlandais, la nature vous gâte différemment ?

A.V. était adepte de ce genre de railleries. Il maniait bien volontiers l'impertinence quand sa mère n'était pas là tel un rapace pour surveiller les propos de son fils. Ce jour-ci, en l’occurrence, Monsieur Hampton alla rapporter en enjoliver la malice d'A.V. auprès de sa mère. Et puis jamais plus on ne revit Hampton. Newt le croisa bien une fois mais l'irlandais fit en sorte de l'éviter, par gêne sans doute.




Les premiers rayons du soleil perçaient à travers les rideaux tendus aux fenêtres de la chambre. A.V. continuait de dormir, paisible. Il avait eu une nuit sans rêve, calme et reposante. Seul le léger cliquetis de sa pendule venait perturber le calme ambiant. Dehors, une légère brise faisait se mouvoir les branches les plus fines. Un oiseau, enfin, revint apporter des vers à ses petits, les faisant piailler de gourmandise. A.V. ouvrait les yeux, éveillés par le bruit des oiseaux. Le garçon passa devant son calendrier fixé au mur : un seul événement sur le reste de l'année : son douzième anniversaire, quatre mois plus tard. Las devant tant de monotonie, A.V. enfila une robe de chambre et descendit l'escalier principal pour petit déjeuner. Puis vint la routine habituelle. Tourner en rond dans le manoir, se pavaner (un peu) dans le village voisin, essayer de faire exploser un arbre avec la force de ses yeux, mais rien. A maintenant un peu plus de onze ans, A.V. n'avait pas encore eu de manifestations magiques. L'entrée à Poudlard étant à seize ans, rien ne pressait mais cela n'était pas assez rapide du goût de Beath. Encore moins de celui d'A.V. Alors, chaque jour, il tentait de forcer le destin, en vain. Sous l'effet de la colère devant un énième échec, il frappa dans une pierre. L'unique effet fut de faire doubler de volume son gros orteil. Fulminant, A.V. décida de se recoucher, déçu par le développement merdique d'une journée qui avait si bien commencé.

Le sommeil vint comme une masse s'écrasant sur la tête d'A.V. Cependant, cette fois-ci, des rêves vinrent l'assaillir. Un rêve lugubre, seulement constitué de flammes, d'immenses flammes rougeoyantes et brûlantes. Des flammes chaudes... très chaudes... trop chaude !

✤PAR MERLIN, A.V. !!

Partout autour de lui, formant un cercle dont il était l'épicentre, d'immenses flammes se dressaient et léchaient les murs, en un craquement lugubre. Son père avait fait irruption, baguette à la main, levée par dessus la tête.

✤AVEC MOI !!

Là, cinq elfes de maison suivirent. A l'unisson ils utilisèrent un sortilège, de sorte à dominer puis éteindre le feu. Miraculeusement, A.V. n'avait aucune blessure, comme s'il avait maîtrisé lui-même le feu... ou qu'il en ait été la source...




A.V. était assis dans un haut fauteuil du salon. Devant lui son père faisait les cent pas, lentement, tout en fumant le cigare. Dehors, une berline faisait son entrée en faisant crisser les gravillons. Des talons claquaient sur les marches du parvis, puis sur le sol marbré du hall. Beath les rejoignait dans le salon. Elle comprit de suite qu'il s'était produit un événement grave. Aussi dessina-t-elle sur son visage une moue soucieuse, telle une actrice.
Newt se lança dans ses explications, sous les regards accusateurs de sa femme et soucieux de son fils. Peu à peu l'histoire de l'incendie s'éclaircissait pour chacun : A.V. venait de subir sa magie, pour la première fois. Il irait à Poudlard et serait un sorcier.

✤Mieux vaut tard que jamais.

Beath avait déclaré cela froidement, avant de tourner les talons pour qu'on lui serve un repas. Elle n'avait rien laissé paraître mais, pour la première fois, elle était soulagée grâce à son fils.

Dès le lendemain, A.V., Beath et Newt prirent la direction du Chemin de Traverse en vue de lui trouver une baguette. Ils prirent pour cela la Poudre de Cheminette ce qui n'inquiétait même plus A.V., déjà bien habitué à cette forme de magie. Pourtant, le garçon allait vite comprendre que ce dont on est habitué peut néanmoins nous réserver des surprises. En l'occurrence, Beath. Se pavanant comme à son accoutumée, elle ne faisait que de se plaindre du trop plein de monde présent tout en minaudant des sourires ou des "bonjour" aux passants la reconnaissant et ceci jusqu'à la devanture de chez Ollivander's.

✤Que Merlin fasse de moi une cracmolle si mon fils achète une baguette ici ! Cette vieille bicoque, un vendeur de baguette ?! Mon garçon, nous allons voir ailleurs.

La décision avait été prise : Ollivander's n'était pas assez bien pour Beath, pas assez luxueux sans doute. Newt n'avait pas son mot à dire, ni même A.V. Elle leur saisit violemment la main et, en un "plop", transplana.




Les années avaient filé si rapidement que demain A.V. faisait sa première rentrée à Poudlard. Il était loin dorénavant le temps où Beath exigea de lui qu"il entre chez Gregorovitch pour choisir sa baguette. Celui encore où il passa des semaines enfermés à expérimenter sortilèges et enchantements. Il devenait presque nostalgique de la semaine dernière passée sur le Chemin de Traverse en compagnie de son père pour à acheter ses fournitures pour Poudlard. Ils y avaient filé le jour même où il avait reçu sa lettre. C'était sans doute l'un des plus beaux jours de sa vie. Lui, seul, avec son père. Ils avaient dépensé leurs gallions sans compter. Ils ne comptaient jamais.
A bord du Poudlard Express, A.V. n'était pas inconnu, quelques personnes vinrent à sa rencontre, des premières années, comme lui, aux septièmes années. Son nom avait de la valeur et certains parents poussaient leurs enfants à se lier d'amitié avec A.V. dans l'espoir d'un quelconque intérêt à en tirer. Beaucoup repartir bredouille, certains s'étonnèrent du caractère de A.V. et se lièrent réellement et sincèrement d'amitié avec, oubliant son nom pour ne retenir que son prénom : A.V.
Peu à peu, le train s'approchait de Poudlard. Bientôt, les préfets vinrent frapper aux portes pour demander aux étudiants de revêtir leurs robes de sorcier. A.V. enfila la sienne avec plaisir, sachant que son père et lui avait acheté l'une des plus coûteuses. Elle était magnifique et légère et adaptait sa chaleur en fonction de l'air ambiant. Quelques décorations très discrètes agrémentaient chacune des ouvertures de la robe. A la descente du train, A.V. ne se posa aucune question et suivit ses nouveaux amis en direction des barques qui les feront gagner le Château, splendide et imposant.
Les épaisses doubles portes s'ouvrirent simultanément. Aucun première année n'eut la force de retenir cet exclamation d'émerveillement qui s'échappait d'eux. La découverte du ciel de la Grande Salle, des siècles après, faisait toujours autant d'effet. A.V., lui même habitué aux merveilles, laissa échapper un majestueux

✤Putain y a pas de toit !!

d'une naïveté traître. Heureusement pour lui, le vacarme ambiant submergea ses propos. Tout alla ensuite très vite. Embarqué dans une coutume qu'il ne comprenait pas, il suivait bêtement les conseils sans piper mot. Il ne broncha pas lorsqu'on lui posa un chapeau rapiécé sur la tête. Il fut impassible lorsque la table des Serdaigle l'acclama lorsque le Choixpeau annonça sa maison. Mais il se rua sur le festin. Il ne s'en était pas rendu compte mais il était affamé. S'emparant d'une aile de poulet, il croqua à pleine bouche dedans, se sentant libre, en vie et satisfait.




A.V. n'a jamais perdu son affection pour Poudlard. En revanche il a vite déchanté face au comportement des autres étudiants. Il s'est très vite rendu compte que la moitié ne le satisferait jamais, trop étriqué dans leur esprit simpliste. Bien qu'il est toujours été avenant, curieux et de façon générale gentil, il ne pouvait retenir ses sarcasmes face aux plus puériles d'entre eux. Un jour, A.V. surpris une conversation. Une drôle de conversation. Elle réunissait trois personnes, des filles. L'une d'entre elle, une brune, prenait des airs de présidente pour annoncer que

✤Ma tante a une amie qui connait une sorcière qui a une fille dont des souvenirs d'une vie passée lui sont apparus. Elle a été RÉ-IN-CAR-NÉE ! Comme la légende l'a prévue...

C'en était trop pour A.V. qui pouffa de rire. Là les trois filles se retournèrent brusquement comme une seule et même personne, ce qui terrifia A.V., dans un premier temps. Et puis :

✤Je voulais savoir : cette fille ne vit pas à Londres, j'espère ?! Non parce que, concrètement, si c'est le cas ça sera compliqué de la retrouver quand vous partirez à sa recherche : des gens comme elle y en a un paquet à Ste Mangouste !...

Satisfait de la tête choquée des filles, A.V. prit ensuite ses clics et ses clacs, lassé par tant de sottise.
Au fil des mois puis années, A.V. se fit une place à part entière au sein du Château. Il était devenu un garçon populaire, entouré et satisfaisant pour les professeurs. Il excellé tout particulièrement dans les cours où l'usage de la baguette était impératif, élevé par ses dons pour les sortilèges. En revanche, son niveau en potion était catastrophique. Une anecdote à savoir à propos d'A.V. est qu'il est le seul à avoir accomplie la prouesse de faire évacuer les cachots pour cause de "potion râtée".




Tous les Serdaigle avaient fuit. C'était à prévoir : chacun savait que les Précautions et bons conseils à l'attention des étudiants que les préfets avaient en charge de formuler en début d'année étaient un supplice. Seules les premières années, novices, étaient restées ainsi qu'une petite fille replète de troisième année dont A.V. ne connaissait pas le nom. Il ne se souciait guère d'elle et poursuivait le discours que sa camarade et lui menaient.

✤Ma camarade et moi-même sommes donc vos préfets pour les deux années à venir. Sachez que nous sommes à votre disposition pour toutes questions ou pour tout problème face auxquels vous seriez confrontés. Et, vous allez vite vous en rendre compte, je ne mange personne !...

L'assurance de la jeunesse avait toujours exaspérée Beath Diederick. Elle ne pouvait comprendre, malgré ses efforts, comment un gamin de seize ans pouvait être sûr de ses capacités ou même de sa personne. Pour elle, on ne devenait quelqu'un que lorsque les Gallions ne manquaient pas. A.V., bien sûr, avait une philosophie diamétralement opposée. Lui considérait que l'on naissait petit pour mourir grand. Il pensait qu'entre la naissance et la mort il y avait des épreuves qui nous forgeait. Il aimait cette image qu'il avait trouvée un jour, en consolant une première année :

✤La vie nous place exactement dans la même situation que nos chaudrons en cours de potions : peu à peu l'étudiant ajoute des ingrédients pour former un tout utile et judicieux ; la vie nous amène des leçons qui nous permettront d'être une personne utile et réfléchie.

A.V. ignorait alors que la vie n'était pas un croupier, qu'elle ne distribuait pas les cartes du jeu : tout était prévu d'avance... Tout ceci, A.V. l'apprendrait à ses dépens. Il comprendra, un jour, qu'il n'est pas loup-garou uniquement par le fait du hasard. Il apprendra à composer avec l'autre. Enfin, un jour, il remontera suffisamment loin dans sa généalogie pour trouver qui il est : "Silas Vern Diederick. 1590-1621".




Les bulles d'air formées à la surface de l'eau éclataient au contact des roseaux. Le marécage, hormis cela, était parfaitement statique, sans âme. Même les crapauds semblaient avoir pressenti le danger de demeurer plus longtemps ici. Hélas pour eux, ce n'était pas le cas des sorciers qui vivaient là, en contrebas, à Pré-au-Lard.

Silas était comme un prédateur aux aguets. Il attendait son heure. Bientôt la Lune se découvrirait. Alors, la traque commencera. Qu'importe qui sera tué ce soir. Seule la terreur et la souffrance compte. Or, comme à l'accoutumée, ça ne serait pas à Silas de souffrir ce soir, encore moins d'être terrorisé.
Tous ses sens étaient en éveil. Il scrutait avec des yeux avides le village endormi, accroupi, les mains sur le sol. Il était inquiétant de se figurer qu'à l'instant même Silas soit sous forme humaine. Il n'avait plus aucun trait tenant à l'humanité. Tout en lui n'était que bestialité, force et cruauté. Mais alors vint la Lune, et la bête qu'il était alors vint transformer son corps. Silas eut à peine le temps de sentir ses os s'étirer, se gondoler, se mouvoir, qu'il était déjà transformé. La bête hurla haut dans le ciel puis, d'un bond, parti à l'assaut.

Ses enjambés furieuses faisaient trembler le sol. Il fonçait si vite que l'on aurait pu penser qu'il allait s'écraser contre les maisons du village et les faire tomber comme un château de cartes. Silas était un loup expérimenté, personne ne pouvait en douter. D'ailleurs, personne n'avait jamais eu l'audace de le faire. Car tous savaient que Silas Vern Diederick avait été envoyé par Igor Hristov, filleul de Freya Romanov et dirigeant de la Marche Sud, dans le seul but d'imposer la terreur et la douleur à Pré-au-Lard et par extension à Poudlard. Silas avait donné satisfaction semble-t-il, car jamais il ne fut contesté son rôle. Poudlard s'était renfermé de l'intérieur, craintif. Pré-au-Lard était devenu une village sans âme, triste et endeuillé.




Les brutaux coups de crocs allaient vite avoir raison de le panneau de bois qui le séparait de sa proie. La bête l'entendait gémir de terreur derrière. Un dernier coup de gueule et la porte vola en éclat, se faisant se recroqueviller encore plus sa proie. La bête, en un bond énorme, se jeta à la gorge du garçon. Il ne devait pas avoir plus de sept ans. La chair était tendre. Le sang était neuf. Avec sa patte griffue, il arracha la tête du garçon, pour mieux enfoncer sa gueule dans le puits de sang. Les bruits de sucions étaient ignobles, sans doute difficilement soutenable pour un humain. La bête, elle, s’enivrait des restes du gamin. Mais le corps était trop petit. La bête avait tout dévoré. Elle fit donc volte face et fila à travers les escaliers en bois qui crissaient sous son poids. Tout l'étage du bas était maculé de sang. Celui des parents du gosse. Il y avait là, au fond, la mère, avec ses yeux grands ouverts de terreur et ceci jusque dans la mort. A la place de son ventre était un trou béant. Il y avait un bébé dedans, arraché par la bête d'un coup de croc et englouti aussi sec. A l'opposé il y avait le père, qui avait tenté de protéger son épouse. La bête l'vait fait voler à travers la pièce d'un coup de patte vif. Ensuite, elle avait décidé de le mordre pour qu'il puisse survivre ensuite et pleurer toute sa vie sa femme, son enfant et son enfant qui ne naîtra jamais. C'était ça, Silas Vern Diederick...

Sans un coup d'oeil derrière le carnage qu'elle avait fait, la bête déguerpit de la masure. La nuit était noire et la pluie commençait à tomber, comme pour pleurer les victimes de Silas. Il cavalait dans la grand-rue, sans but. Ses énormes pattes s'enfonçait dans le sol boueux, piétinaient tout sur leur passage. Des avis de recherche étaient placardés tout le long du chemin que la bête empruntait. On y voyait Silas rire à gorge déployée, sans doute une photo de jeunesse dérobée par les autorités britanniques afin d'illustrer l'avis... Des journaux jonchaient une partie de la grand rue, le dernier daté de la veille : "14 octobre 1618".




Les choses avaient déraillé. Il était incompréhensible que le camp le plus puissant, que Durmstrang échoue. Pourtant tout espoir de victoire avait été évanoui par la victoire du camp britannique, mené par Poudlard. Silas, lui-même, avait du fuir Pré-au-Lard. Définitivement, l'espoir était une maladie : un seul germe chez un individu et quelques jours après tout le monde est contaminé. Or l'espoir est l'ennemi de la terreur. L'espoir permet les révoltes. Il permet des choses folles, comme de se soulever face à un sorcier loup-garou.




C'était une extermination. Jamais telle chasse  l'homme n'avait été entreprise dans l'histoire de la magie. Et Silas était plus qu'avidement recherché. On voulait lui faire payer pour tout ses sévices, ses années de terreur qu'il avait imposées. Le faire payer aussi pour sa cruauté, sa bestialité. Ne jamais rester plus de deux jours dans la même planque, ne pas utiliser de magie, voler pour se sustenter, ne pas laisser de témoin : Silas avait un plan pour leur échapper.  
Puis vint une nuit. Terrible. La fatigue l'avait emporté loin, très loin de la Grande-Bretagne. Il était sans doute en Bulgarie, à traîner son corps rachitique dans la boue d'un chemin escarpé.

✤Cette fois, enfoiré, on t'as eu !

On l'avait retrouvé. Ils étaient une quinzaine autour de lui. Silas les toisa, puis on l'affligea d'un coup entre les côtés et puis, plus rien. Néant.
Silas se réveilla bien plus tard, il était ligoté. La nuit commençait à tomber. Un mat en bois était dressé vers le ciel, autour un monticule de branches, de ronces, etc... Ils allaient le tuer. Ils allaient le mettre au bûcher.

✤La bête est réveillée !

Un enfant avait lancé l'alerte. C'est alors que des dizaines de sorciers accoururent en hurlant. Bientôt ils étaient des centaines, certains avaient des fourches, d'autres d'énormes bâtons voire des couteaux. La plupart brandissaient leur baguette. C'est alors qu'on le va Silas de force pour le diriger vers le bûcher. Un déferlement de haine l'atteignit de plein fouet. Les pierres jetées s'écrasaient contre ses os. Les sortilèges Doloris lui mettaient les nerfs à épreuve. Les couteaux lui arrachaient des pans entiers de peau.
On le jeta comme une poupée de chiffon contre le mât levé. D'énormes cordes vinrent s'enrouler autour de lui et du mât. Il ne pouvait plus fuir. De toute façon il n'était plus en état, trop amoché pour tenir debout. Il se laissait soutenir par les cordes qui lui brûlaient la peau et la chaire qui, par endroits, était à vif. On lui jeta de l'huile sur le visage, négligemment. Enfin, en un élan collectif, les centaines de sorciers pointèrent leur baguette en direction du bûcher et y mirent le feu.

Le feu chercha l'âme de Silas, il ne la trouve pas.