« C’était en quelle année, déjà ?
Cette guerre des écoles, qui a ravagé la communauté des sorciers européennes et tué trop de personnes.
Vous me demanderez, quel rapport ai-je avec cela ? Et bien, j’y ai participé. J’étais dans le camp des ‘gentils’, avec Poudlard et ses alliés. Je n’ai jamais accordé trop d’importance aux raisons des deux camps. Je n’étais qu’un simple mercenaire, engagé pour défendre, attaquer et surtout ne pas de poser de questions. Seules mes compétences avaient une espèce de valeur. Je ne parlais même pas la même langue, me contentait de lire dans leurs yeux.
Je m’appelle Ren Miyamoto, et à cette époque j’étais dans mon pays, le Japon, reconnu pour mes dons de sorcier samurai... et pour mon sale caractère.
L’échec est inadmissible. Seule la perfection est tolérée. Se lever tôt, manger peu, boire beaucoup d’eau, s’entraîner pendant des heures, s’initier à des arts nobles tels que la littérature ou l’ikebana. Bien que j’ai toujours subvenu aux besoin de ma femme et de mes fils, il est clair que je n’ai pas passé tellement de temps avec eux. J’étais un homme emprunt de liberté, aussi fougueux qu’un étalon et désireux de prouver sa valeur au monde entier.
C’est pourquoi, lorsque la guerre s’est déclarée entre Poudlard et Durmstrang, le monde sorcier en ébullition attendait de voir comment les choses allaient se passer. Et chaque camp, de son côté, recherchait des personnes capables de les aider. C’est ainsi que j’ai été embauché en tant que mercenaire par le camp Poudlard. J’étais bien payé et ce pour faire ce que je préférais, c’est à dire me battre.

Je me rappelle encore mon arrivée en Europe. Je ne comprenais pas grand chose à ce qu’on me disait, mais la détermination de ces sorciers était maîtresse de leurs actes. Ils voulaient protéger la liberté, le bien et ce en quoi ils avaient foi. Si comme je l’ai dit, je n’appuyais aucun des deux camps, ces personnes avaient su s’accorder mon respect. Et c’est pourquoi je me suis battu à leurs côtés avec la même volonté dont ils faisaient preuve.
Mais qu’y a t-il de plus à dire sur cette guerre. J’ai combattu jour comme nuit, tué des gens, transporté des centaines de blessés à l’abri, accompagné les mourants dans leurs derniers moments, me suis blessé gravement à la jambe droite, une blessure dont je ne me suis jamais complètement remis. Et finalement, le camp Poudlard a vaincu, et a gagné cette terrible guerre. Mais si je n’ai jamais pensé que ‘gagner’ soit le mot approprié... Tant de destruction et de mort. Ça aurait pu être la fin de la peur et le début d’une ère nouvelle. Mais non. La douleur de la guerre a fait place à, pendant deux ans, à ce qu’on appelle la purge. Ces sorciers traîtres, ces ennemis qui ont causé tant de perte. J’aurais pu tranquillement rentrer dans mon pays, et laisser de côté ces massacres. Mais j’ai décidé de rester et de les aider dans cette difficile tâche. Car tout le monde n’est pas capable d’envoyer quelqu’un à la mort, ou de voir quelqu’un se faire retirer son âme par un Détraqueur.
Et lorsque tout cela fut fini, là seulement cette nouvelle ère put commencer. Mais je n’étais plus là pour le voir, j’étais rentré chez moi. Après dix ans d’absence, je revoyais enfin ma famille. Ma femme, qui m’attendait le sourire aux lèvres et mes fils, qui avaient bien grandi.   Ils avaient maintenant quinze et dix sept ans. Ah, et c’est vrai... J’avais atteint la quarantaine. J’avais maintenant un passé laborieux derrière moi, dont je n’ai jamais conté moindre mot à ma famille. Je me suis contenté de vivre avec mes souvenirs, parfois mes cauchemars de ces enfants morts pour une guerre qui n’avait eu lieu d’être, morts parce que comme à toute époque, des imbéciles naissent pour imposer leur loi.

Mis à part la guerre, j’ai vécu toute ma vie dans le clan samurai des Miyamoto, un clan spécifique puisque nous sommes tous des sorciers. Nous vivions dans la région du Kantô, presque en autarcie. Nous étions parfois en conflit avec d’autres clans sorciers, et amis avec d’autres. Je m’étais d’ailleurs marié avec une jeune fille du clan Sanada, un clan auquel nous étions allié de longue date. J’espérais d’ailleurs que nos enfants allaient perpétrer nos traditions et nos spécificités. L’honneur du clan Miyamoto, celui du clan Sanada, et faire de nous jusqu’au bout, des sorciers, des samurai avec tout l’honneur qui nous incombe.
Ainsi se termine mon histoire. Après la guerre, j’ai vécu une vie simple et retirée. Je suis vieux à présent, et il est temps pour moi de partir. De partir en vrai samurai. En homme digne. »

Ren Miyamoto, soixante sept ans, quatre jours avant de se faire seppuku (suicide samurai).

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« Il paraît que je n’en ai guère pas l’air, mais je suis un professeur de potions âgé de trente ans. Les gens aiment beaucoup me confondre avec une femme, jusqu’à ce qu’ils écoutent ma voix, et se rendent compte que je n’ai pas tant de poitrine ni de formes que cela. De toute façon, les gens ont en général une opinion... étrange de moi-même. On va dire, en effet, que je ne suis pas le premier venu et que mon caractère est aussi simple que le clavier d’un accordéon.
Au cas où vous ne l’auriez pas deviné, je m’appelle Rivaille Kanon Sanada. Les japonais n’ont en général pas deux prénoms, mais les gens se moquant de mon prénom de naissance, j’en ai un de substitution que j’utilise de temps en temps. Mon prénom se prononce ‘libaï’ (李倍), et cela s’est transformé en Rivaille depuis qu’un certain manga dont je ne citerai pas le nom est sorti il y a quelques années et a un succès fou dans le Japon entier. Je ne m’en plains pas, c’est même plutôt amusant. Et puis, depuis que je suis venu en Angleterre, c’est bien plus pratique de l’écrire ainsi plutôt qu’en kanji que personne ne sait lire.
Je suis donc un sorcier né au Japon, plus précisément près de Tôkyô, dans la ville de Yokohama. Avant de venir en Angleterre il y a quelques mois de cela, je passais énormément de temps à Minato Mirai à contempler la mer... Que j’ai pourtant en horreur. Mais la vue était jolie et l’endroit agréable. Enfin, je m’égare...
J’ai été à l’école magique japonaise depuis l’âge de douze ans, et j’y ai passé huit années, jusqu’à ma majorité. Bien que le port de l’uniforme ait été obligatoire, mes professeurs et camarades ont pu découvrir mon excentricité naturelle, aussi bien dans la couleur de mes cheveux que dans mon comportement. Il n’y avait que moi pour m’endormir sur mon chaudron, débarquer dans la salle à manger avec de longs cheveux violets, venir déguiser en père noël le vingt quatre décembre ou tout simplement ‘malencontreusement’ renverser de la soupe aux baies sur l’autre idiote assise à côté de moi.
Je viens d’une famille dont les traditions perdurent depuis longtemps. En fait, mon père est le descendant d’une grande famille de sorcier-samurai et m’a transmis tout ce qu’il savait. Avec cela, j’hérite de la beauté particulière de ma mère, une naïade. J’aime l’eau en effet, l’eau douce, je nage vite et je peux rester sous l’eau plus longtemps que d’autres. En revanche j’ai une peur bleue de la mer, surtout des requins et de tous ces prédateurs. Allez savoir pourquoi, mais ma chère mère dit c’est que absolument normal. Depuis quand parle t-on de normalité en parlant de moi ? J’aime me savoir unique. Mon ego surdimensionné aime le savoir aussi.

J’ai, à part le maniement du sabre et celui de la baguette magique, toujours eu une passion pour les potions. Mais je n’avais aucun don pour cela, aussi ai-je dû travailler un maximum pour obtenir les meilleures notes et donc suivre la voie qui m’intéressait. Je ne pensais pas devenir professeur, mais cela s’est imposé à moi naturellement dans les années suivantes. Être maître d’une classe, avoir sa loi et imposer son sadisme, quoi de plus excitant ! Les élèves devront s’habituer à moi tel que je suis.
Après quelques études approfondies dans le domaine des potions, je suis entré en tant que professeur de potions dans mon ancienne école, remplaçant le précédent partie à la retraite après soixante dix ans de bons et loyaux et services. Il tombait un peu en ruine, le vieux d’ailleurs.
J’ai l’habitude de ne pas me prendre la tête et de faire ce que je veux, comme je veux et quand je veux. Je ne me plie qu’à mes petites lois intérieures, et mes humeurs sont aussi changeantes. Si la première heure de cours je décide de faire de jolis filtres d’amour, je peux tout aussi commencer à balancer des chaises sur les élèves celle d’après. Et quand je suis de mauvaise humeur, je joue avec mon sabre. Ça a tendance à faire un peu peur, mais moi ça me détend. Car oui, je me trimballe toujours avec mon katana, fabrication artisanale avec une lame en métal des plus résistantes qui soit.

Si je suis venu en Grande-Bretagne, c’est pour changer d’air. J’aime ma vie au Japon mais j’ai besoin de nouveauté. J’ai alors déménagé à Londres, et pu obtenir par un heureux hasard le poste de professeur de potions à l’école Poudlard. Décidément, il y en a beaucoup qui partent à la retraite ces temps-ci. C’est ma toute première année ici, les élèves n’ont qu’à bien se tenir. Je sens que je vais bien m’amuser. »

Rivaille Sanada, trente ans, quatre jours avant le début de l’année scolaire.