Ses yeux sont bleus et cernés, ses paupières quant à elles sont violettes, c'est son maquillage à lui, son manque de sommeil se traduit ainsi, et c'est en partie à cause de son physique blafard presque cadavérique qu'il inspire la crainte. Il ressemble à une marionnette dont on tire les fils pour la faire avancer, un pantin démembré c'est exactement ce qu'il est. Ses rêves l'emportent sur sa propre réalité, le reflet dans son regard et d'un vide démentiel, la froideur lui colle à la peau, il ne parvient pas à être quelqu'un d'autre que l'homme de ses fantasmes nocturnes, il ne se détache jamais des images qui le hantent. Lorsqu'il ferme les yeux tout lui revient à la gueule comme une gifle dont le bruit résonne sans fin dans le cerveau. Son lui présent et passé ne font qu'un, il s'identifie sans cesse à lui, les point communs sont troublants, déconcertants, horrifiants et il ne s'en détache jamais, Il ne sait plus très bien qui est Abrasax et qui est Nikolaz, qui est le tyran et qui est le pion. Il ne fait aucun effort pour cesser la mascarade, il l'accepte sans bouger comme si quoi qu'il fasse, quoi qu'il pense rien ne changera, un jour l'un prend le dessus sur l'autre et le lendemain c'est le contraire. Ça ne cessera jamais, le bleu en dessous des yeux il s'y est habitué. Et elle. Oui, elle, il ne peut s'empêcher de la regarder, sans jamais s'approcher, il sait qu'il finira par la détruire comme l'autre. Elle espérera pouvoir le sortir de là, l'emmener quelque part où il fait beau, où ce sera un peu plus supportable, elle pensera qu'il finira par s'endormir dans ses bras et ne pas se réveiller alors que la lune est encore au sommet. Mais elle se trompera. Parce que sa bonté la perdra, comment s'engager avec un fantôme ? De toute façon, elle lui ressemble trop, elle ne le sait surement même pas. Et c'est bien mieux comme ça. Il ne veut pas imaginer ce qu'il serait capable de lui faire, ce serait une autre torture, plus lente et insidieuse. Il la regarderait se noyer, appuyant de plus en plus longtemps sa main sur son visage et il la tuerait. Elle lui ressemble trop pour ne pas subir le même châtiment. Même elles, ils ne les différencie plus. Alors il reste à distance, il l'observe, écoute sa voix, la même que dans les rêves, il l'assimile, il ne voit pas qu'elles sont différentes, qu'ils sont différents. Que tout cela n'est qu'un rêve. Celui d'une réalité révolue.  Nikolaz déteste Abrasax d'être aussi faible, et Abraxas hais Nikolaz d'avoir été lui, d'avoir engendré ce qu'il est aujourd'hui. Il voue un combat contre lui même, partagé entre passé et présent, partagé entre haine et adoration sordide.