« Mon bébé … Mon tout petit bébé ... » Elle m'a serré contre elle, m'a caressé les cheveux tendrement comme elle le faisait toujours, m'a embrassé sur le front. Elle répétait ces mots en boucle. Son bébé. Son bébé. N'importe quoi. J'étais grand ! Bon d'accord, j'avais trois ans. Mais c'était déjà pas mal. Elle me tenait sur ses genoux, ses longs cheveux bruns tombant autour de moi. J'inspirai son odeur de violette avec un sourire et ne bougeai pas. Je savais bien que si j'allais de moi-même vers elle, elle me repousserait. Alors je n'ai pas bougé. Je suis resté sur ses genoux, je l'ai laissé me faire ce qui ressemblait à un câlin, répétant sa litanie encore et encore. « Mon bébé … Ah mon bébé ... » Elle ne s'en lassait pas.

Et moi je l'écoutai, je profitai. Ça n'arrivait pas si souvent, l'air de rien. La plupart du temps, elle errait dans la maison, ou s'enfermait dans sa chambre. Je voyais des gens passer, hommes ou femmes. Plus souvent des hommes. J'entendais les bruits pendant que je jouais tout seul. Mais je comprenais pas bien. Et même une fois plus âgé, je me demande si ils couchaient ensemble ou se tapaient contre les murs. A trois ans, cela dit, je ne pouvais que me la fermer et rester seul, jouer à mes jeux préférés. Je la laissais faire, parce que je n'avais pas mon mot à dire. J'avais été la déranger une fois, et je m'étais fait engueulé comme il se devait. Ce qui vous force à rester sage. Malheureusement pour moi, heureusement pour elle. Et oui, au cas ou vous l'aviez pas encore saisi, ma mère était une prostituée. On fait avec. Toujours est-il qu'elle recevait ses clients dans notre petite maison et que moi j'allais chaparder des affaires un peu partout. J'adorais les objets brillants. Je me souviens de ces bijoux qu'elle ne portait plus, de ces couverts que nous n'utilisions plus, de cette montre qui ne donnait plus l'heure. Je ressentais leur présence dans la maison, je les attrapais, et je partais avec. Elle ne remarquait même pas qu'ils avaient disparus. Elle ne s'y intéressait pas. Elle préférait aller s'enfermer avec un gros monsieur moche pendant des heures. Ou quelques minutes. Mystère de la vie. Et moi je jouais. Je ne pouvais pas sortir, elle ne voulait pas. Comme si elle avait peur pour moi … Alors que nous savions tout les deux qu'il n'en était rien. Si ça avait été le cas, elle m'aurait vu piquer le couteau argenté, trop grand pour moi. Elle aurait été inquiète quand elle m'aurait vu entrain de saigner du bras, une fois sortie de sa chambre. Bah ouais, j'allais pas la déranger, même si j'étais blessé ! Je n'étais pas suicidaire. J'avais quand même fait le chemin, jusqu'à la chambre, pour qu'elle me voit en sortant, pour guetter les bruits qui annonçaient que ce serait bientôt fini. Mais il a fallut attendre que le monsieur soit partit pour qu'elle s'intéresse à moi. Et il a fallut attendre que les reproches s'arrêtent avant que je ne puisse me faire soigner. On, ma mère ne s'inquiétait pas pour moi. Pouvais-je le lui reprocher ? Absolument pas ! C'était ma mère. Je l'aimais, au fond de mon cœur, parce qu'on est obligé d'aimer sa mère. Je n'avais pas le choix. Je n'ai jamais eu le choix. Même à trente ans, je pouvais affirmer avec certitude que j'aimais ma mère. Même si ça a toujours été une chienne en chaleur – et je suis méchant avec la chienne qui, elle, prend soin de ses chiots, au moins un temps. Donc ne vous y trompez pas, je ne la déteste pas. Je ne lui reproche rien. C'était sa vie et tant mieux. Simplement … Pendant qu'elle tapinait pour ramener un argent sale qu'elle dépensait ensuite en robes mauves et en maquillage, moi j'ai appris à vivre par moi-même, comme un grand. Et je ne m'en plains pas. Voler, c'était une seconde nature. Un rite de passage. Et ça m'a fait du bien. Je me faufilais par la porte de derrière dés qu'elle s'enfermait avec un autre homme, et je partais en courant vers le centre ville. Aller piquer une bourse ou simplement une pomme. Ma mère se démerdait pour manger, alors j'allais faire pareil. Et c'était bien plus facile qu'il n'y paraissait. Les gens essaient de se protéger des chapardeurs, mais ils ne font que rendre la tâche plus aisée. Pour moi encore plus. J'étais petit, j'étais maigre, j'étais agile. Facile. J'ai vite su à qui revendre les bijoux, à quel garde offrir des fraises pour qu'il me laisse tranquille, à qui faire confiance et à qui se méfier. Un jeu d'enfants. Et ma mère ne me servait qu'à faire semblant d'avoir une vie normale. Je rentrais comme on retrouve sa maison après une journée de travail. Je lui offrais un collier, de la camelote mais elle ne le remarquait jamais, et elle était contente. Elle m'embrassait sur le front, passait sa main dans mes cheveux et m'appelait son bébé. Oh que j'étais beau, oh que j'étais fort dans ces moments là. Dans ces brefs moments. Ces courts moments.
Elle m'a soulevé et m'a reposé au sol. Ses cheveux sont remontés très haut et c'était finit. Adieu le bébé. Comme d'habitude.


Je n'ai pas su d'où me venait cet attrait pour les bijoux, cette facilité à piquer ce que je voulais, avant mes six ou sept ans. Je ne comptais pas vraiment. On ne fêtait pas les anniversaires, et je commençai presque à douter de la date de ma naissance. Cela ne m'importait que très peu, dans le fond. Il y avait tant d'autres choses à découvrir dans ce monde, je n'allais pas m'inquiéter pour un gâteau inexistant ou un cadeau de pacotille. Mais donc, l'année de mes six ou sept ans.
Je rentrais du marché, avec une bague pour ma mère qui faisait des petits sauts dans ma poche, et une pomme dans la main. En poussant la porte, je croquais dedans avec enthousiasme. Je mangeais mais ne prenait pas beaucoup de poids, bien que je n'ai jamais su pourquoi. Je n'avais pas une santé fragile … Autre mystère de la vie. « Maman ! » J'ai refermé la porte en l'appelant. Mais je n'ai pas eu de réponse. Je me disais qu'elle devait être occupée avec un monsieur tout moche, mais je n'entendais aucun bruit. Je suis aller vers sa chambre, pour me retrouver face à une porte fermée. Rien d'inhabituel jusque là. « Maman ? » J'ai tendu la main très haut, jusqu'à la poignée, pour l'abaisser et finalement entrer. Ah, elle dormait ! Pour ça qu'elle ne m'avait pas répondu. Ça arrivait parfois, après un rendez vous plus long avec un monsieur du village. Je souris et la laissais tranquille, descendant poser la bague sur la table pour qu'elle la voit en se réveillant. J'ai mangé, j'ai bu de l'eau à la fontaine derrière la maison et j'ai continué ma journée, tranquillement. J'ai joué avec les chats du voisinages, mes seuls vrais amis avec qui je partageais la viande que je mangeais, parfois. Je n'en étais pas trop friand, mais eux adoraient. Et ça me permettait d'avoir un auditoire à qui raconter ma petite journée de petit garçon, voleur de son état. La vieille Mme Sanders est sortie sur son péron, à quelques mètres en face de moi, m'a sourit, de son sourire jaune et tout troué. Je lui ai rendu son sourire, angélique comme le sont les enfants. Je ne pouvais pas savoir que voler c'était considéré comme mal. Ça me venait naturellement. Et personne ne me disait rien. Mme Sanders savait ce que je faisais, mais elle ne m'a jamais rien dit. Elle se contentait de me sourire, sous ses cheveux d'épouvantail. Je l'aimais bien. Elle est rentré dans sa maison et j'ai repris mon histoire, faisant remuer les oreilles de Carotte, le gros chat roux qui venait me voir tout les jours. Puis j'étais rentré, et j'avais été me couché dans le canapé, pour être sûr de partir plus vite le lendemain.

Quand je suis rentré de mes 'courses' en début d'après midi, j'ai été étonné de n'entendre toujours aucun bruit. Ma mère dormait-elle encore ? Jamais elle n'avait dormi autant. Elle ne restait jamais longtemps endormi, vu que les clients venaient à toutes heures du jours et de la nuit et qu'elle voulait être sûre de ne pas en louper ! Mais quand je montais vérifier, elle était toujours allongée dans son lit, ses longs cheveux en travers de son visage. La seule chose qui avait changé c'était l'odeur de la pièce. Envolée la violette, ça puait vraiment fort. Mais j'étais petit. Je me suis convaincue que justement, elle rattrapait toutes les nuits de sa vie en une fois, et que vu qu'elle ne se lavait pas, ça puait. Logique, non ? J'ai continué ma petite vie. Encore un jour. Mais celui d'après quand je suis rentré, j'ai trouvé un monsieur devant ma porte. Je l'avais vu une ou deux fois, déjà. Gros, gras, avec une moustache et un double menton qui ballottait dés qu'il parlait. Il tapait sur la porte avec ses petits poings tout ronds, en criant le nom de ma mère d'une voix fâché. « Sandrine ! Ouvre bordel ! Sandrine !  Putain, t'as cinq minutes pour ouvrir où je défonce cette porte ! » Ouh, des vilains mots. J'en avais déjà entendu plein sur le marché, et des plus corsés que ça. Mais ce n'était quand même pas très bien. J'ai sauté près de lui en fronçant les sourcils. « Maman elle dort ! Alors chut ! » Ça ne lui a pas plût. Il a grommelé, a reculé et puis à donné un grand coup dans la porte, qui s'est ouverte sans faire d'histoire. Bah ouais, elle était même pas fermée. Idiot. Je l'ai suivit alors qu'il traversait la pièce principal à grands pas. « Elle dort ! Faut pas la réveiller ! Sinon elle va être fâchée, maman ! » Je le répétait, me disant qu'il était vraiment méchant de vouloir empêcher maman de récupérer les heures de sommeil qu'elle avait accumulé. Il a eut un mouvements de recul en ouvrant la porte de sa chambre, et j'ai presque sourit en me disant qu'il avait enfin compris qu'elle allait se fâcher. Mais non. Il a plissé son nez de cochon a lancé un « Merde ! » retentissant, avant de s'enfuir de la maison à toutes jambes. Bizarre, cet homme. Mais le lendemain, c'est Madame Sanders que j'ai trouvé devant chez moi. Elle m'attendait. Pour me raconter l'histoire la plus saugrenue que j'ai jamais entendue ! Ma mère morte ? N'importe quoi ! Elle ne faisait que dormir ! Je l'ai écouté sans y croire, me disant qu'elle était folle de toute façon, la vieille sorcière d'en face. Ce n'est que quand elle m'a dit qu'ils avaient déjà emmenés le corps de ma mère que j'ai bougé. Que je me suis énervé. Avant qu'elle bouge, j'étais déjà dans la chambre de ma maman. J'ai pleuré, j'ai hurlé, j'ai frappé, mais personne n'a fait attention à moi. Il n'y avait plus personne de toute façon. Je n'avais plus personne. Mme Sanders a veillé sur moi un temps, mais je refusais de quitter la maison. Elle m'apportait de la nourriture que je ne mangeais pas. Elle me parlait sans que je ne réponde. Même les chats ne sont plus venus. Ça a duré un mois ou deux, avant que tout ne bascule encore. Elle a débarqué un matin, m'a forcé à m'habiller, m'a attrapé par le col et m'a entraîné vers le village par la peau du cou. Tout ce que j'ai pu attraper ce fût la bague de ce fameux jour, celle que je voulais offrir à ma mère mais qu'elle n'avait finalement jamais eu. Elle était toujours dans ma poche, aussi sale que moi. On est arrivé sur la place du village, où la foule se pressait. Elle a traversé sans une hésitation, les gens s'écartant sur son passage comme si elle allait les mordre. Ce qu'elle pouvait très bien faire, j'en sais rien. Elle était pas très net de toute façon. Une fois au bout, on a vu des marchants. Mais elle s'est pas arrêté et elle est passé derrière leur caravane, pour me pousser devant un homme qui m'avait alors, je m'en souviens, parût immense. Elle l'a regardé, levant les yeux sur lui et lui a cracher un truc qui ressemblait à « C'est votre fils. Sa mère est morte. Il vous revient donc, démerdez vous ! » Et elle repartit comme elle était venue, me laissant tremblant face à l'homme qui était apparemment mon père.


Domenic Estermont. Un nouveau nom, pour une nouvelle vie. Je ne me souviens même plus quel était mon nom avant celui là, et je dois avouer que je m'en fiche comme de ma première couche. Depuis mes sept ans, je suis devenu Domenic, bâtard de la famille fort critiquée des Estermont. Si c'est pas beau ça. Le gentil papa avait trompé la maman, une fois sûrement, et ça avait donné … Moi. Je ne m'étais jamais vraiment posé de question sur mon père, jusqu'à ce qu'on me donne les réponses. Pas forcément de bonnes réponses, mais c'était mieux que rien. Moi qui était tout seul, je me retrouvai soudain avec des frères, des sœurs, une belle-mère et un père. Et enfin une explication sur mon 'don'. Un truc de famille, qui se transmet dans les gênes. Il ne manquait plus que ça au tableau ! Oui j'avais sept ans et j'étais déjà cynique. Quand je vous dis que c'est dans mon caractère, c'est pas des conneries. Enfin soit. Je ne vais pas beaucoup vous parler de la vie avec eux, je vais essayer de résumer. Ils étaient presque comme des gitans ; à vivre sur les routes, passant de villes en villes. Les parents s'occupaient de distraire les gens, et les enfants partaient piquer de quoi payer le dîner. Je m'y suis tout de suite mis, je trouvais ça drôle. Je le faisais déjà pour moi, mais j'ai dû apprendre à partager. Pourquoi je l'ai fais ? Parfois je me le demande encore. Puis je me dis que j'avais déjà l'instinct de survie. Ils me donnaient une chance de vivre, de grandir. Alors ce n'était qu'un maigre prix à payer. Et, bien que je ne l'avouerai jamais, plus je passais du temps avec eux, plus je m'y attachais. Cole, Mason, les jumelles ou même mon père. Seul la mère me détestait. Elle m'élevait de la même façon que les autres, mais avec plus de froideur, comme si elle n'arrivait même pas à me regarder sans avoir envie de me gifler. Je le sentais. Alors je ne l'approchais pas et ça arrangeait tout le monde. J'ai vécut longtemps avec eux, et ça m'a permis de me faire une place dans le monde. Pas très glorieuse, parce que comme je l'ai dis, les Estermont n'étaient pas très bien vu à cette époque, alors que la guerre faisait rage et qu'on nous demandait de choisir notre camp. Nous étions dans notre propre camp. Point barre. Et quand Cole est partit, ça a fait mal. Je l'aimais bien. Même si, de nouveau, je préférerai qu'il ne le sache jamais. Et ainsi va la vie. Je vous passerai les affres de l'adolescence et du début de l'âge adulte. On a tous vécut ça, je vais pas vous détailler l’acné, les premières aventures, le corps qui change tout ça. Ce que je peux vous dire, c'est qu'à un moment, est venue l'heure pour moi aussi de partir, de quitter mes 'parents' et ma 'famille'. Bien que je le fis de façon moins dramatique – partir au milieu de la nuit comme un voleur, c'est bien mieux, non ? - je partis rapidement. Sans cacher qui j'étais. Mais on approchait de la fin de la guerre, et je voulais vivre ma vie à ma guise. Alors j'ai voyagé. Longtemps. Et j'ai rencontré Annabella.


J'errai quelque part en Europe, aux abords de l'Italie quand je l'ai rencontrée. J'étais en route pour rencontrer un futur employeur à Durmstrang, un homme qui voulait m'utiliser comme arme, comme tout les autres. J'étais devenu un mercenaire, à force. Mon frère voguait sur les mers comme pirates – à ce que je savais, ça faisait un moment que je n'avais plus eu de nouvelles – et moi je vendais mon corps au plus offrant, comme ma mère avant moi, bien que d'une toute autre façon. Je ne m'étais pas encore prostitué et ce n'était vraiment pas au programme. En tout les cas, j'avais fait une pause en Italie, dans une ville où le nom d' Estermont n'alerterait personne et où Domenic suffisait encore. Ah ce que j'aimais l'Italie. Et particulièrement les italiennes, mais ça c'est une autre histoire. En tout les cas, j'avais échoué dans un bar, quand la belle blonde a débarqué devant moi, me souriant comme un ange mais me regardant comme une démone. Elle m'a intrigué, elle m'a séduit, elle m'a eut pour une nuit.  Elle m'a donné son nom et je lui ai donné le mien. Et, à ma plus grande surprise, le nom d' Estermont ne l'a pas fait s'enfuir, au contraire, elle m'a dit qu'elle adorait les dons un peu étrange dans le style de celui de ma famille et qu'elle n'allait pas me juger pour ça. Drôle de fille. Je l'ai quitté à l'aurore pour reprendre ma route, pensif, mais l'oubliant une fois de retour dans le tumulte de la guerre. Jusqu'à ce que je rencontre l'homme qui voulait m'offrir un travail, un russe fort et un tantinet effrayant – ce qui me força à le faire chier, bien évidemment – qui m'offrit une somme affolante pour retrouver sa femme en fuite. Une blonde. Un ange au regard de démone. Une fille qui, sur la photo qu'il me donna, me sourit l'air de dire 'Tu l'as pas vu venir celle-là ! '. J'ai accepté, sans même savoir si j'allais aller jusqu'au bout. En même temps, un coup d'un soir ne valait absolument pas que je refuse une telle somme d'argent. J'étais un Estermont. Retrouver les choses c'était mon domaine. Et autour du coup d' Annabella brillait un collier d'or blanc que je n'oublierai absolument pas. Oui, j'étais plus doué pour les objets que pour les gens, peut-être parce qu'ils ne m'ont jamais intéressés. J'ai une bien piètre estime de l'humanité, on s'y fait. Toujours est-il que je me suis mis à traqué la jolie russe, ou plutôt son collier, jusqu'à la retrouvée … En Angleterre. Dans les rangs de Poudlard. Surpris ? Pas vraiment. Durant le voyage, j'avais fini par comprendre ce qu'elle avait en tête et la raison de sa fuite. Et ça ne me regardait pas plus que ça. J'avais ordre de la trouver, de la ramener et si elle refusait, de la tuer sans délai. Mission de routine ou presque. Encore aurait-il fallut qu'elle accepte et on en serait tous sortis indemne. Mais elle a refusé, et pire encore, m'a convaincu que la tuer serait une mauvaise idée. Ah ces blondes, toutes trop convaincante. J'ai fais semblant, je l'ai protégée pour réussir à obtenir l'argent malgré tout, faisant croire à son mari qu'elle était bien morte. Alors qu'elle était sous moi, entrain de prendre son pied. Oui, je suis un enfoiré. Je ne l'aimais même pas. Elle ne m'aimait pas. Mais on a été ensemble un moment après ça. Je voyageais toujours autant, mais la plupart du temps elle me rejoignait à l'improviste et ça se finissait contre une porte ou un mur. Un lit si on en trouvait un. Le sol si il n'y avait rien. On était encore jeunes, on avait besoin de s'amuser, et j'avais besoin d'évacuer tout ce que je pouvais ressentir quand je revenais d'une mission trop difficile. Et Anna était là pour ça. Même maintenant, je ne pense pas une seconde que j'ai été amoureux d'elle, ou d'elle de moi. Nous étions proches, vraiment, et si nous avions des sentiments, ils se rapprochaient plus d'un frère et d'une sœur – avec le sexe en plus. Qui a dit que l'inceste c'était mal, hein ?


En parlant d'inceste, ou de famille en général, c'est à cette période là que j'ai retrouvé la trace de Cole. D'une façon … Tout sauf agréable. J'allais sur mes vingt trois ans, ou un truc du genre, je vous ai déjà dit que je ne suivais pas trop cette histoire d'anniversaire, et ça faisait quelques mois maintenant que j'avais cette relation étrange mais fort agréable avec Anna, quand on m'a appelé en France. J'avais l'habitude de passer d'un pays à l'autre, et ça ne m'a pas inquiété plus que ça. Je me suis dit que ça allait être encore un boulot. Sauf que dés l'invitation, je me rend compte que c'est une jeune femme qui me demande de venir, qu'elle ne paiera sûrement pas – détail emmerdant – et qu'en prime, ça concerne Cole – presque aussi emmerdant. Pourquoi est-ce qu'on vient me parler de mon frère, ou demi-frère, chipotons pas, hein ? Mystère. Je ne voulais pas y aller au début. Mais ça me trottait dans la tête. Et c'est finalement Anna qui m'a poussé à y aller, me disant, je cite « T'es encore plus chiant que d'habitude et c'est même plus marrant, alors bouge ton cul et va voir avant que je ne t'arrache la tête. ». Ah ce qu'elle me connaissait bien ! Je suis partit après ça, plus pour lui faire plaisir. Enfin ça c'est que je disais. En vrai, je me demandais vraiment ce qui se passait. Dans cette famille qui avait été la mienne pendant plus de dix ans, Cole était sûrement celui que je préférais. Celui dont je me sentais le plus proche. Et le seul pour lequel je serais partit en pleine nuit direction la France, pour rencontrer une jeune femme, un peu bizarre bien que très jolie, qui ne fît que m'inquiéter. Apparemment, mon frère n'allait pas bien, ou un truc du style. Ouais mais il était assez grand pour se débrouiller, non ? Et bien non. Elle s'inquiétait et il n'y avait que moi, le bâtard de service, qu'elle avait réussit à contacter pour que j'aille l'aider. J'ai failli l'envoyer à la merde. Mais sur le long chemin du retour, j'ai été forcé de réfléchir. Tout ça pour quoi ? Pour me lancer dans ce qui fût sûrement l'une des pires aventures de ma vie.

Anna ne m'a pas laissé partir en quête seule, elle m'a collé tout du long. Et, bien que je n'arrêtais pas de me plaindre de sa présence, j'étais content qu'elle soit là. Parce que si j'avais été seul pour découvrir qu'une âme maléfique s'était emparée de mon frère, je crois que je me serai barré. Ou bien que j'aurai simplement tuer Cole, en me disant qu'ainsi l'âme l'aurait libéré. Parce que oui, quand j'ai finalement trouvé ce qu'il avait, après des semaines de recherches intensives, et seulement grâce à l'aide d'Anna qui connaissait Durmstrang, j'étais sûr qu'il n'y avait aucun espoir pour Cole, et j'ai failli sortir l'épée tout de suite. Au risque de me faire tuer. Je ne pensais … Et bien je ne pensais pas vraiment, à part au fait que je devais sauver mon frère coûte que coûte. Mais la blonde était là, et elle m'a forcé à réfléchir. Je crois qu'elle m'a même attaché une fois. Elle en était bien capable. Mais quand on a finalement trouvé le grimoire traitant de ce genre de choses, qu'on l'a lu en entier, et qu'on a sut comment faire cessé tout ça … Là, vraiment, j'aurai préféré qu'elle soit resté à Poudlard. Déjà, on avait dû se faire passer pour des autres, qu'elle ne se fasse pas repérer par son ex mari, mais en plus, elle faillit tout faire capoter. Le livre disait « La boîte peut être détruite. Mais c'est une vie contre une vie. Celui qui détruira le réceptacle devra contenir l'âme à l'intérieur. ». Donc, si tu veux sauver quelqu'un, tu dois donner ton âme pour que ça fonctionne. Et mourir, fatalement. Et vu que j'étais un gentil petit frère fort attentionné – et enfoncé jusqu'au coup dans cette histoire de démons – j'étais prêt à le faire. Ou à trouvé quelqu'un de vraiment pas important à sacrifier à la place. Mais le temps nous a vite manqué, et je n'ai pas eu le choix. Les événements se sont enchaînés et … Avant que j'ai eu le temps de donner le coup décisif, Anna était déjà morte, la main sur la dague qui avait servie à détruire ce qui retenait encore mon frère. Elle est morte ce jour là, pour moi. Pour m'empêcher de mourir. J'avais fait le plus gros du boulot, mais elle avait donné le coup décisif. La connaissant, c'est ce qu'elle avait prévu de faire depuis le début. Elle savait que si jamais elle disait qu'elle allait faire, je l'aurait arrêté avant la fin. Elle avait simplement inversé les rôles. Anna … J'ai maintenant fait le deuil de ma sœur de cœur, mais sur le coup ça a vraiment été difficile. Je ne savais même pas si ça avait marché, j' espérais que oui, que son sacrifice n'ait pas été vain, mais dans le fond je n'en savais rien, et je n'en sais toujours rien. J'ai perdu une partie de moi dans les caves de Durmstrang, aux côtés de cette blonde avec qui j'avais partagé plus d'une aventure.


La vie n'a plus été la même après ça. Jamais personne n'avait fait pour moi ce qu'Anna avait fait. Personne ne s'était jamais sacrifié pour moi. On avait à peine pris ma défense quelques fois. Quand je l'ai perdu, j'ai perdu la tête. Je n'ai plus eu de maison, plus eu de clan, plus eu de famille. Je m'en fichais de tout le monde. La seule chose que j'espérai c'est que Cole s'en était remis. Mais au bout de quelques mois, même ça c'est passé à la trappe. Peu m'importait. J'ai enchaîné les missions, plus dangereuses, plus fortes. Plus risquées. J'ai eu plus de cicatrices que je ne pouvais en compter, plus de coups que je ne peux en citer, plus de problèmes que je ne peux en raconter. Je vivais dans un noir permanent. J'étais sensé mourir ce jour là, dans ces cachots. Et en quelques sortes, c'est ce que j'avais finis par faire. Mon cœur était mort. Pour une fille que je n'aimais pas d'amour. Ça valait le théâtre grec pour le coup. Toujours est-il que je risquais ma vie bien plus que nécessaire, juste parce que je n'avais plus peur de rien, plus envie de rien, même plus besoin de rien. Enfin mon corps si, mais mon esprit ne prenait que par réflexe. J'ai tué, j'ai cherché, j'ai kidnappé, je me suis battu. Bref, la routine. Durant une bataille particulièrement dure pour réussir à me débarrasser d'un idiot fini, j'ai été bien amoché et j'aurai dû arrêter absolument tout pour me soigner. L'ai-je fait ? Que nenni ! Je me suis levé et j'ai accepté une autre mission. Ça c'est infecté, c'était pas beau à voir, mais ça ne m'a pas empêché de retrouver ce qu'on m'avait demandé de retrouver. Parce que je n'étais qu'un idiot. Un idiot assoiffé de souffrance. La mienne, ou celle des autres, tout se mélangeait. Et peu m'importait. Comme toujours.


Vous aurez remarquer que je parle souvent de 'et maintenant', 'jusqu'à maintenant'. Pourquoi ? Parce qu'on dit qu'au moment de sa mort, on voit sa vie défiler devant ses yeux, du début à la fin. Et vu que ça ne se fait pas naturellement, j'ai préféré y réfléchir. Ça me fera gagner du temps. Maintenant que j'y suis, aux portes de la mort, je me dis que j'ai été un vrai connard ces dernières années. Ou en règle général. Bonne question. J'ai l'impression d'avoir fait que de la merde, ce qui n'est pas vraiment une bonne conclusion. Je soupire doucement et tourne le regard vers ma gauche. Tout est trouble, le monde commence à disparaître. Je sens une compresse fraîche sur mon front, ce qui calme un peu la fièvre. Enfin pas vraiment. Mais ça fait du bien. Je souris à l'image brouillée de Rania à côté de moi. Après deux semaines avec elle, je me dis que j'ai vraiment été un con. Lui raconter des histoires de mon passé, c'est bien trop triste. On s'est apprivoisé lentement, bien que trop rapidement. J'étais condamné, et je le savais. Mais je pensais pas que ce serait pendant les deux dernières semaines de ma vie que j'aurai envie de vivre plus longtemps. Un dernier tour de cochon joué par la vie elle même. Quelle salope, celle là. Mon regard reste fixé sur la brune et je sais que c'est fini. Je l'ai finalement trouvée, la Baranova, bien cachée dans sa maison. Une dernière mission. Et pourtant, je savais que j'arriverai pas au bout. Les plaies s'infectaient, la douleur devenait insoutenable. Mais je m'étais battu pendant presque trois ans pour finalement retrouver cette femme qui restait maintenant à mes côtés pour essayer de me garder en vie. Le monde ne tournait pas très rond. Ou trop vite. Ouais, là tout de suite il allait trop vite. Je sentis mes paupières tombées, des voix peut-être. Ou alors c'était un dernier tour de mon imagination. L'odeur de Rania passa le brouillard qui s'emparait de mon cerveau et j’eus un sourire. Oui. Comme dernier souvenir, c'est bien. Pleure pas, d'accord ? Pleure pas pour moi. Je le mérite pas. J'ai été un véritable enfoiré. Juste … Sois triste. Tu peux, si tu veux. Mais ne pleure pas. Tu es bien plus belle quand tu souris. Alors souris ma belle. Pleure pas. Pleure pas pour moi.

Je n'ai rien fait pour mériter tes larmes.

Warren Domenic Estermont. Si vous n'avez pas vécut sur une autre planète ces vingt dernières années, vous savez qui il est. Enfin qui je suis. Enfin, ce nom ne vous est pas inconnu quoi ! Ça va, hein, pas besoin de m'embrouiller ! Bande de méchants. Et voilà je passe pour un gamin de quatre ans qui sait même plus ce qu'il raconte. Je me fais honte. Je vais me pendre. ADIEU !

… Okay, je disjoncte. Je suis sûr que c'est l'autre là qui a mis un truc dans mon jus de citrouille. M'étonnerait même pas. Il est barje et ne m'aime pas, deux éléments qui, une fois assemblés, peuvent donner quelque chose de dangereux pour ma santé. Bref. Je m'appelle Warren donc, Warren Estermont. Domenic c'est plus pour la classe. Je sais même pas pourquoi mes parents m'ont appelés comme ça. C'était un ancêtre ou un truc du genre. Du grand n'importe quoi. En soi, je n'y fais même pas gaffe en règle général, parce que … Bah … Qu'est-ce qu'on s'en fout ! C'est comme si je vous tendais la main en faisant « Warren Domenic Estermont, A positif, né le vingt trois janvier, j'aime le poulet et je suis allergique aux épinards ! ». Ce serait bizarre, stupide et … Hum … Et bien, bizarre en fait. Donc je vais m'abstenir.

Et voilà, de nouveau un paragraphe qui sert à rien. Je ne suis définitivement pas doué pour les présentations. En même temps, quelle idée de se présenter ? C'est du grand n'importe quoi. Personne ne veut savoir ce que j'ai dans la tête, et je préférerai ne pas le dévoiler non plus. C'est ma tête, quoi ! Si vous voulez aller dedans et bien, il suffit de vous miniaturiser et … Oui, je me tais. Vous l'aurez remarqué, je suis doué pour la digression. J'ai tendance à m'écarter facilement du sujet de base, même si le sujet est aussi intéressant que moi, la huitième merveille du monde – et c'est dit avec ironie, on rentre les griffes. En fait, je serai plutôt comme une espèce de merveille raté. Je m'aime, vu que personne d'autre ne le fait, je m'y applique, mais pas au point d'être assez stupide pour changer mon nom en Narcisse. Narcisse Estermont … Non, vraiment pas. Bref, bref. Couché, Warren, sois sage et raconte ton histoire. Histoire banale, somme toute. Je suis né dans une famille de sorciers, deuxième enfants d'une famille de cinq. J'ai un grand frère, deux petites sœurs (des jumelles – ouais comme tic et tac!) et un petit frère. Une belle famille de mâles où les filles sous soumises, mouhaha. Ou du moins, on fait semblant pour monter notre ego. Mon ego de macho fini. J'ai toujours été comme ça, pour une raison qui m'échappe. En fait, ma version actuelle est exactement la même que celle de petit Warren ; un gamin chiant, solitaire, qui ne dit presque jamais merci sauf quand il se fait taper dessus avec amour par sa mère (oui, elle y croit encore, elle.), qui boude pour un rien, s'énerve facilement, adore ses frères et sœurs mais l'avoue jamais, quitte à dire le contraire, qui adore le chocolat, qui supporte pas qu'on touche à ses cheveux (non mais d'où ça vient ça ? Je fais une espèce de possessivité des cheveux ? Genre y a que moi qui peut toucher ? Rah, que je suis bizarre.), qui a une grosse cicatrice au dessus du cœur (paraît que c'est un truc de naissance – moi je suis quasi sûr que mon frère était énervé un jour et m'a lancé un jouet à la figure) et qui adore voler toutes sortes de choses, de la cuillère au collier d'or pur caché dans la boîte à bijoux sous le lit de ma mère. Mais ça c'est de familles, d'après ce que je sais. Vu qu'on est tous comme ça dans la famille, et qu'on connaissait nos ancêtres surtout pour cette aptitudes à voler, c'est apparemment un don familial. Je suis d'ailleurs ravi de l'avoir ! Parce que dans une famille où tout le but du jeu est de réussir à voler plus que ton frère pour pouvoir être fier de toi, si tu n'as pas le don, t'es mort avant de commencer. Amen !

Toujours est-il que. Je suis en septième année à Poudlard, Angleterre. Je vis ma vie comme tout jeune adulte de vingt ans encore étudiant ; je drague, je fais la fête, je vole dans les magasins, j'étudie, je travaille pour l'école – ouais je sais, la honte. J'essaie d'y remédier, mais c'est dur -, je continue d'espérer que mon petit frère arrête un jour de se faire autant remarquer,  et j'espère d'ailleurs que moi aussi j'arrêterai un jour de me faire remarquer. Non mais c'est vrai ! Je suis un Estermont, ce qui fait que tout le monde connaît ma famille, et que tout le monde sait qui je suis. Ce qui veut dire que peu importe où je vais, il y a quelqu'un qui va soit me dire « Hey tes ancêtres étaient des salauds ! » soit « Hey, ton frère ... » blablabla. Nul. Nul. Nul. Je déteste qu'on me compare à quelqu'un d'autre. Sauf quand c'est à Sawyer mais … Non, vous ne me le ferez pas dire ! Je déteste tout le monde, moi ! Et si vous croyez vraiment que j'adore mes frères, que je suis tombé amoureux de mes sœurs à leurs naissances, que j'ai un profond respect pour mon père, que ma mère est adorable, que Shannon me fait rire, que mon chat est mon meilleur ami et que si il lui arrive un truc je panique … ET BIEN VOUS AVEZ TORT. Nan mais oh. Comme si j'avais un cœur. Bande de fous.

Et avec tout ça, vous remarquerez que j'ai fais le nombre de mots requis, tout en ne disant rien de ma vie. Avouez, je suis un génie. Oui, vous pouvez le dire, je vous y autorise !