On ne commence jamais l'histoire d'une personne par sa fin. Ce serait complètement stupide. Mais chez Isadora Desfleurs, il n'y a que la fin qui peut-être intéressante. Son amour, son agonie, cette longue descente en enfer, sa mort. Mais nous ne dérogerons pas à la règle. Commençons par le commencement.

✤  demain aurait été un autre jour... semblable.
(enfance)
Elle est née en 1595, quand l'aube se levait sur la France. Isadora était une charmante enfant. D'une beauté rare, avec des cheveux de feu alors qu'elle était descendante d'une famille française aux cheveux corbeaux, et d'une jovialité qui se fit sentir dès qu'elle fut en âge de dire oui, et non. Isadora était la cadette d'une famille de sorcier, possédant de nombreux enfants élevés comme il se doit. Ils apprirent à différencier le bien du mal, et ils surent ce qu'il fallait faire, comment fallait-il se comporter face aux autres. Isadora développa un grand sens de la justice et comprit rapidement quelles étaient ses croyances et ses convictions les plus profondes. La jeune enfant partagea le jardin d'enfant avec Briseis Peyredragon, avec qui elle développa une amitié sûre. Tout se déroula étrangement bien pour la petite Desfleurs qui était, en plus d'être intelligente, d'une éloquence unique. Elle savait parler, mais surtout écrire, comme personne. Elle aurait pu rallier n'importe qui à sa cause, et sa mère fit en sorte de lui apprendre comment se servir de ce don. Elle lui apprit qu'il fallait respecter les règles, et faire en sorte que les autres les suivent, sans pour autant les forcer. Isadora était promise à un avenir radieux, que n'importe qui aurait pu lui envier. Tout changea quand elle développa des compétences magiques. Elle découvrit ses pouvoirs assez tôt, permettant à sa mère de lui enseigner vaguement comment s'en servir, et une nouvelle fois, Isadora apprit les règles indispensables. Sa famille était très à cheval sur ça, et la jeune rousse le devint aussi. Les règles étaient faites pour être respectées, c’est tout ce qu'Isadora devait savoir. C'était sans doute le plus important, ce qui permettrait à la jeune enfant d'obtenir son diplôme, et surement de travailler, de se marier et d'avoir de nombreux enfants qui suivraient à leur tour ce rude chemin d'apprentissage.  

✤je ne fais rien comme les autres ou alors je le fais mieux.
(beauxbâtons)
Isadora grandit, devint une jolie adolescente amicale, entourée d'une foule de personne qui l'aimait à sa juste valeur. Elle avait toujours su reconnaître les menteurs, les fauteurs de trouble, et elle sut s'en éloigner. Les vaniteux, les narcissiques, les messagers du chaos comme elle aimait les appeler, ne pouvaient devenir ses amis. Elle devint une élève brillante, posée, réfléchie, dotée d'un sens de l'honneur unique, et d'une loyauté sans faille. Quand l'attaque eut lieu, l'attaque ou sa famille fut assassinée, elle aurait dut quitter les lieux immédiatement, mais partir sans essayer de trouver ceux qu'elle aimait était inconcevable. Elle n'avait jamais couru énormément, et ce jour-ci, elle eut peur de perdre son palpitant ainsi que ses poumons. Sa gorge était en feu, ses bras et ses jambes étaient engourdis : elle crut qu'elle allait mourir là. Aussi futilement que les autres. Aux côtés de ses parents, de ses frères et sœurs. La famille Desfleurs anéantis, au complet. Et c'est ce qui allait se passer. Elle allait perdre connaissance et se réveiller au Paradis, fervente catholique, à l'époque. Mais quand elle se réveilla, elle n'était pas au Paradis, non, bien au contraire. Elle était faible, allongée dans un lit qu'elle ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam, observée par un brun bouclé. Son brun bouclé. Il lui expliqua qu'elle avait perdu connaissance et qu'il l'avait sauvé à temps. Il l'avait amené à Poudlard, ou elle terminerait ses études, car son école n'était plus. Isadora eut du mal à accepter cette idée. C'était inconcevable. Elle mit quelques temps avant de se remettre sur pied, mais quand ce fut fait, elle jongla entre Maximilien, envers qui elle voua une reconnaissance infinie car il lui avait sauvé la vie, mais aussi un amour sans limite, et entre les archives de Poudlard, ou elle élut presque domicile. Elle lisait, apportait des informations, faisaient des potions, et aider pour le ravitaillement. Elle fit en sorte d'aider, au mieux qu'elle put. La jeune Poufsouffle resta dans l'ombre, mais aida, donnant à sa triste vie un sens concret.

✤  you're mine, as i'm yours
and if we die, we die,
but first, we'll live.
(mariage)
Isadora n'avait jamais réellement grandit, dans son esprit, elle restait une enfant. A son arrivée à Poudlard, la Poufsouffle devint certes plus mûre, mais ne se considérait pas comme au sommet de sa transformation, elle n'était pas encore à son apogée. Isadora Desfleurs devint une femme quand elle changea son nom pour porter avec fierté celui de son époux. Ce fut un mariage simple, à l'image de la jeune femme et de son amant. Il n'y avait pas grand monde, mais c'était amplement suffisant pour elle, tant qu'il était à ses côtés. Le témoin de Maximilien aurait pu témoigner, jamais une femme n'avait plus dévoré un homme du regard que ce soir-là. Isadora avait passé la soirée entière à fixer son époux, avec une expression complètement béat. Elle était folle, folle de lui, et ce n'était plus un secret pour personne. Quand elle dut murmurer ce petit oui qui changerait sa vie, Isadora n'hésita pas. Elle aurait pu lui susurrer ce mot durant toute une vie. Isa pensa alors à sa mère, qui aurait été fière d'elle. Elle allait mener la vie qu'on lui avait prédit. Elle allait faire des enfants avec l'homme qu'elle aime qui lui a passé la bague au doigt. C'est tout ce qui importait, au final. Elle allait exaucer le vœu de feu sa mère, tout en aillant l'amour de sa vie auprès d'elle. C'est d'une insouciance infinie qu'elle passa sa première nuit avec lui, sans comprendre qu'elle serait bientôt dépendante de sa seule rpésence. Le problème n'était pas là, mais il résidait dans le fait que son cher et tendre allait devoir partir combattre. Et ça, Isadora ne l'acceptait pas, c'était inconcevable.  

✤ quelqu'un a dit un jour que la mort n'est pas la pire chose dans la vie : le pire, c'est ce qui meurt en nous quand on vit.
(fin de la guerre)
Cette idylle n'aurait jamais dût se finir. Isadora avait prié, plus que de raisonnable pour que cette guerre s'achève. Elle aurait dut comprendre que tout à un prix, et qu'à trop demander, certes, cela allait être exaucé, mais qu'elle perdrait plus qu'elle ne devrait. Isadora avait demandé grâce au bon dieu, et il le lui avait accordé, sans annoncer son prix. La guerre était finie. Maximilien allait rentrer, et ils pourraient enfin vivre tous les deux. Or, la guerre avait emporté son époux. Elle avait rasé des vies peu importantes, elle avait retiré à d'autres ce qu'Isadora avait toujours su conserver, et voilà qu'à la fin du chaos que cela avait orchestré, on lui enleva la dernière chose qu'elle aimait plus que sa propre vie. Les conséquences furent terribles. Isadora renia toute la magie, s'éloignant au plus possible de ce qu'elle voyait à présent comme néfaste. De toute façon, rien n'avait plus d'importance, étant donné qu'il était mort. Mort pour une cause qu'elle avait cru juste, mais elle n'y croyait plus. Elle ne croyait plus en rien. Fervente catholique autrefois, aujourd'hui, elle n'était plus qu'une veuve en état de choc. Mais elle tint. Heath y veilla. Peut-être un peu trop. Mais il la surveilla assez pour qu'elle ne sombre pas totalement. Elle lui devait plus qu'il ne le pensait. Isadora dut réapprendre à vivre avec cette douleur néfaste, qui lui coupait la respiration quand l'image brève de feu son époux traversait son esprit. Il lui arrivait de tomber, au sol, et d'éclater en sanglot sans raison apparente. Ainsi, Isadora attira plus l’œil des gens qu'elle n'aurait voulu le faire, et c'est peut-être ce qui causa sa perte.

✤  our love is like the wind. i can't see it, but i feel it.
(mort)
Isadora décida de remonter la pente. Pour cela, elle aurait pu tenter un second mariage, mais Maximilien était ancrée en elle, ils étaient indissociables, et tenter d'approcher un autre homme serait un effort vain. Elle décida d'adopter un enfant, une victime de la guerre. Pour cela, elle tenta d'adopter un petit bulgare. Mais le vieux Rudlock qui avait déjà très peu apprécié le fait qu'elle s'éloigne, n'aima guère cette idée et décida d'en finir, pour de bon. Après avoir convaincu un petit groupe, ils la dénoncèrent. Certains tentèrent de la sauver. D'autres, comme sa tendre cousine, ne firent rien, et au contraire, tentèrent d'en finir avec elle. Isadora tenta, pour sauver son honneur et pour faire durer le souvenir de sa famille et de son mari, de rester en vie. Mais elle n'avait plus la force nécessaire, et elle échoua. Avant de soupirer une dernière fois, ses pensées se tournèrent vers son amour, et ses paroles brisèrent tout sur leur passage. Ces quelques mots, tout droit sortie de la bouche d'Isadora, connu pour son éloquence, vinrent poignarder tout ceux qui étaient près. Chacun allait vivre avec le regret d'avoir vu une innocente mourir, tous, un par un. La liberté n'a pas de plus mortelle ennemie qu'elle-même.

✤  elle a su m'affranchir
de tous mes souvenirs
nos deux corps se mêlent
elle cogne dans ma tête.
(poudlard, première année)
Missy a un grand sourire posé sur les lèvres. C'est bien la seule. Tout les autres premières années se tortillent, soupirent, sanglotent même. Ils sont tous nerveux, quand la jeune Lockwood, elle, est plus souriante que jamais. Elle a attendu avec impatience ce moment : son père lui avait décrit sa nervosité, et avait parié avec elle : si elle arrivait à ne pas être stressée, il l'emmènerait un après midi sur son lieu de travail. Le stress, la nervosité avaient commencé à pointer le bout de leurs nez, mais Missy les a empêché de faire une telle chose. Missy Lockwood. D'un air enfantin, léger, elle s'avance à travers la foule et se pose joyeusement sur le tabouret. Tout le monde la fixe comme si ils ont vu un fantôme, alors qu'elle arbore son plus grand sourire. Elle tient à faire bonne impression, et c'est réussi. Certains professeurs ont rit en voyant arriver la frêle rousse, toute contente, alors qu'elle sautillait presque. Serdaigle ! Missy saute du tabouret, et retombe gracieusement sur ses jambes avant de se diriger, sous les applaudissements de sa maison, à sa table. Ils semblent tous heureux d'avoir avec eux la seule gamine qui a eu assez d'aplomb pour sourire alors que sa vie ne tenait qu'au choix d'un chapeau.

✤la fragilité du cristal ne le rend pas faible, elle le rend délicat.
(présent)
Alors, la voyante barge, tu t'en sors ? Missy éclate de rire en entendant Achille, placé dans l'embrasure de la porte. Elle relève les yeux vers le jeune homme et pose son carnet sur la petite table. Je ne comprends toujours pas pourquoi j'ai ce surnom. Missy lève les yeux au ciel et tente de mimer une mine offusquée. Achille entre et s'assoie face à elle, en souriant. Alors, "chérie" tu t'en sors avec ton article ? Missy s'apprête à lui remonter les bretelles quand elle se rappelle de leur marché. Mimer le couple idéal pour qu'il n'ait plus de problèmes avec sa famille. La situation, complètement folle, avait vite séduit l'adolescente qui n'avait pas su dire non. Non ! Je voulais poser des questions à un Serpentard. J'avais pensé à ton frère, mais il m'évite. Missy soupire et attrape son carnet. Elle sort un stylo de sa botte et écrit une phrase. Achille écoute un instant Missy, mais change de sujet. Il ne veut sans doute pas parler de son frère. Tu fais quoi ce soir ? Missy relève les yeux vers le garçon, qui se relève déjà. Des bêtises, que des bêtises. Missy sourit, prête à rire encore un peu, mais Achille attrape sa main et l'embarque. Tu m'emmènes ou ?   Sa question n'attend pas de réponses. Ils disparaissent par la porte.

✤   When is a door not a door ?
(ulysse)
Elle tombe. Le sol est dur et froid contre sa mâchoire. Ses yeux se ferment sous le choc. Puis, le silence, et enfin, son rire cristallin qui retentit. Elle vient de tomber du haut de sa chaise, et elle rit. Tout le monde fait comme elle, après la peur d'avoir une autre blessée. Missy pose ses paumes contre le sol froid et se redresse en tentant d'apaiser son euphorie. Elle n'a donc pas retenu la leçon la dernière fois : nous n'essayons pas d'imiter les cascades des joueurs de quidditch quand on est au sol, petite et maladroite. Mais Missy rigole. Son professeur se contente d'esquisser un sourire avant de congédier tout le monde : le cours est fini. Missy a toujours ce grand sourire plaqué sur ses lèvres rouges, et, seule, elle se dirige vers l'infirmerie car son genoux saigne. Ses chaussures frappent le sol avec une vivacité qui n'appartient qu'à elle. Mais ce n'est pas le chemin de l'infirmerie qu'elle suit. Elle ne s'en est pas rendue compte, mais c'est autre chose. Déconcentrée, ses yeux ont vu une tête brune passer, et l'ont suivi. Missy continue d'avancer, silencieusement, tout en fixant le dos d'Ulysse, sans perdre son sourire, qui chez une personne normale se serait déjà envolé. Missy n'a plus vu Ulysse depuis un bout de temps déjà. Depuis qu'elle s'est présentée comme la petite-copine d'Achille. Il tourne dans le couloir et s'avance vers la bibliothèque. La jeune Lockwood pose ses doigts sur son bras, et quand il l'aperçoit, il se retire. Peut-être est-elle déconcentrée, déconnectée. Quoi qu'il en soit, elle chancelle et le fixe. Mais ... Ulysse ? Elle n'est même plus sûre de son identité. Il ne l'a jamais repoussé. Il n'a jamais été facile ... Mais il n'a pas a lui en vouloir. Missy le regarde et ne comprend pas. Son coeur s'accélère, ses sens s'affolent, elle ne semble plus se contrôler. Elle le fixe et s'apprête à avancer... pour parler. Mais il repart. Il s'en va, loin d'elle. Quelque chose semble s'arracher de sa poitrine, ou tente. Beaucoup de gens évitent Missy, c'est un fait. Mais Ulysse ... Ce n'est pas la même chose. Elle se sent mal. Vraiment mal. Peut-être parce qu'elle ne comprend pas pourquoi il fuit. Ou peut-être le sait-elle mieux que lui, mais qu'elle ne veut pas se l'entendre dire. Elle soupire, secoue sa tête de gauche à droite, se redresse et repart vers l'infirmerie. Il faut qu'elle lui parle, et elle le fera. Il ne pourra pas la fuir éternellement.

✤  i know the truth now
i know who you are
and i don't love you anymore.
Missy, jolie Missy. Elle a toute son histoire à écrire. Contrairement à Isadora, elle peut faire des choix. Elle peut aimer beaucoup, ou ne pas le faire. Elle peut se chercher, découvrir, faire la fête, profiter. Elle peut crier, hurler son mécontentement, sans s'agacer de regarder les règles quand Isadora ne voyait qu'elles. Missy peut faire ce qu'elle veut, quand elle veut. Elle peut trouver son âme soeur, le rejeter pour un flirt, et revenir. Elle peut se faire rejeter, et rejeter ceux qui l'aiment. Elle peut avoir beaucoup d'amis, ou pas du tout. Elle est libre. Libre. L'histoire doit être écrite.