cordelia&peah

Depuis un moment, Peah était une bouilloire pleine de sentiments contradictoires. Elle était d'abord profondément choquée par l'annonce faite par Perceval, son meilleur ami, quelques temps plus tôt. Les mots qu'ils avait prononcé tournaient et retournaient dans sa tête : "... et elle a essayé de me tuer". Sa première réaction avait été de penser que c'était tout bonnement impossible et qu'il y avait forcément une explication rationnelle et surtout, acceptable aux yeux de la Serdaigle. Ensuite, elle avait été profondément mal à l'aise, parce que Cordelia était comme sa meilleure amie. Elle admirait cette fille, s'en était si souvent remis à elle... Cordelia savait tout de Peah, mais Peah s'était dit que ce n'était pas réciproque. En fait, elle ne savait rien de Cordelia, et ça l'avait inquiété. Elle ne comprenait plus rien, vraiment. Elle se sentait perdue, dans des eaux troubles et inquiétantes. Et puis, il y avait cette histoire de vie antérieure, qui la perturbait aussi. Elle avait beau essayé de savoir si elle aussi avait eu une vie avant, durant cette guerre que l'on étudiait dans les livres d'histoire de la magie, elle ne se souvenait de rien. Elle en aurait bien conclu que cette histoire était totalement loufoque, mais le ministre de la magie avait eu l'air si sérieux que... Eh bien, le doute était permis. Ajouté à cela sa récente aventure à Pré-au-Lard, qui lui avait valu deux côtes cassés (rapidement réparés grâce à une potion, mais quand même). Bref, elle avait le moral dans les chaussettes et en devenait agressive avec 98% des gens qu'elle croisait.

C'était là qu'elle avait décidé de trouver Cordelia et de l'interroger, parce qu'il lui semblait que c'était le seul moyen pour retrouver le calme dans son esprit. Il lui avait toujours semblé que Cordelia savait tout, vraiment tout. Et elle, elle voulait savoir si elle avait vraiment essayé de tuer Perceval. Elle voulait savoir si elle était folle ou un truc du genre. Elle voulait lui balancer un truc du genre " PARLE ! " mais en même temps, elle se voyait mal s'énerver sur une personnalité telle que Miss Lysaght. Et puis, elle était la sœur de Seeley. Certes, pas de sang mais le lien était tout aussi fort. Elle avait quand même donné rendez-vous à son amie (le mot semblait avoir un goût amer, maintenant) dans la salle des trophées du Troisième étage. En journée, l'étage était désert et elle avait donc pensé qu'elles pourraient y être tranquilles. On était en fin d'après-midi et maintenant, Peah était plantée au milieu de trophées de gloires passées, attendant en trépignant Cordelia.

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their wicked schemes

❝It takes a great deal of bravery to stand up to your enemies, but a great deal more to stand up to your friends. Remember who the real enemy is. PEAH & CORDELIA, chapitre II❞

Peah voulait la voir de toute urgence et Cordélia ne pouvait s'empêcher de se demander pourquoi. Certes, elles étaient meilleures amies et elles passaient beaucoup de temps ensemble mais cela ne ressemblait absolument pas à la serdaigle que presser la serpentarde à la rejoindre. Bien évidemment, un tel comportement l'inquiéta au plus haut point et la jeune fille ne put que s'empêcher de se demander quel genre de problèmes sa camarade pouvait bien avoir pour lui demander avec tant d'ardeur de la rejoindre. Quelqu'un avait fini par découvrir son secret et c'était ce qui la mettait dans un tel désarroi? Aucun problème. Cordélia se chargerait ni vu ni connu de ce malotru et l'affaire serait rapidement oublié. C'était Seeley qui avait appris finalement la véritable nature de son ex-petite copine? Aucun souci également, la brune était persuadée que son frère jumeau accepterait sans le moindre souci la condition de celle qu'il aimait plus que tout. C'est en faisant tout d'abord un détour rapide aux cuisines pour prendre une pomme que la jeune fille se mit en route vers la salle des trophées où Peah l'attendait. Elle continuait en croquant dans le fruit de se poser bien des questions quant à un tel rendez-vous – sans pour autant paniquer plus que cela. La jeune femme était d'une nature impassible – presque apathique – et il en fallait plus pour la faire réagir. Il faut dire également qu'elle ne se doutait pas une seule seconde que Perceval avait raconté à la jeune femme ce qu'il s'était passé entre eux et que celle-ci n'ignorait pas qu'elle avait mit le feu au jeune homme. Enfin, ce n'était pas vraiment elle mais plutôt Freya mais cela, aucun des deux ne pouvait le savoir. Et ce n'était pas la serpentarde qui comptait leur réveler qu'au fond d'elle vivait son ancienne mère, une véritable sociopathe qui avait déclenché une guerre qui avait fait des milliers de morts juste pour obtenir toujours plus de pouvoir. Continuant de croquer dans le fruit désormais bien abimé qui lui avait servi de goûter, elle était finalement arrivée à destination et elle jeta sans même regarder son geste le trognon par la fenêtre en apercevant Peah un peu plus loin. "Tu trépignes littéralement en m'attendant et je ne sais pas vraiment comment le prendre." Un sourire mi-moqueur mi-amical au coin des lèvres, la sorcière se rapprocha de la lycanthrope en haussant des épaules, regardant vaguement du coin de l'oeil les trophées tout autour d'elle. Jamais ô grand jamais son nom n'y figurerait – pas même celui de Sofia – mais dans un sens, cela ne la dérangeait pas plus que cela. Cordélia ne recherchait pas les honneurs – elle était bien au dessus de cela. Et avoir son nom inscrit sur une coupe quelconque et ridicule que tout le monde oublierait dans dix ans ne faisait définitivement pas partie de ses priorités actuelles. "Je suppose que tu ne m'as pas fait venir pour parler de nos grands héros du temps passé et que ce n'est pas eux non plus qui te mettent dans un tel état de fébrilité alors dis-moi ce qu'il y a." Oui, la jeune femme entrait directement dans le vif du sujet alors qu'elle finissait par s'étirer lentement en baillant légérement, féline au possible. Elle n'avait pas énormément dormi ces derniers jours, enchaînant entraînements avec les nouvelles recrues des sombres phénix et missions en tout genre. Elle était crevée mais heureusement pour elle, il en fallait plus pour la pousser à rejoindre son lit et faire la larve. "Quelqu'un a découvert ... tu sais quoi? Si c'est le cas je peux m'en charger, ce ne sera pas un problème très longtemps." Son regard voulait en dire beaucoup alors qu'elle le glissait sur la jeune femme en s'appuyant tranquillement contre le mur, les bras croisés sur la poitrine. Si quelqu'un avait fini par apprendre le fait que Peah était une loup-garou, autant qu'elle le lui dise tout de suite pour que Cordélia aille s'occuper du malheureux. Et nul doute que s'il avait l'intention de le raconter, il changerait très vite d'avis en ayant affaire à la terrible serpentarde. Si Cordélia n'était déjà pas douce en temps normal, elle devenait un véritable monstre quand la sûreté et le bien être de ses amis étaient en cause. Mais pour le moment, cela n'était pas le cas et elle allait très vite l'apprendre.  

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« Tu trépignes littéralement en m'attendant et je ne sais pas vraiment comment le prendre ». Peah se retourne immédiatement, reconnaissant entre mille le ton à la fois amical et moqueur de Cordélia. La Serdaigle aurait aimé masqué mon malaise, mais c'est finalement plus dur qu'elle ne l'imaginait. Elle ne peut s'empêcher de lancer un regard étrange à sa meilleure amie. Sa meilleure amie. Ce mot lui paraît si absurde, à présent. Elle savait tellement peu de chose sur Cordélia, et en même temps elles avaient passé tant de temps ensemble. Des moments très intimes, passés à la cabane hurlante. Cordélia avait été la seule à pénétrer dans cette sombre bicoque un soir de pleine lune, accompagnant Peah dans sa malédiction, son fardeau. « Je suppose que tu ne m'as pas fait venir pour parler de nos grands héros du temps passé et que ce n'est pas eux non plus qui te mettent dans un tel état de fébrilité alors dis-moi ce qu'il y a », enchaîna la Serpentard en s'approchant, nonchalante. Elle ne se doutait pas de la raison pour laquelle Peah l'avait convoqué. Peah n'avait rien laissé entendre sur sa lettre, donnant simplement le lieu de rendez-vous et la pressant d'y venir. Elle avait griffonné ces quelques mots fébrilement, son écriture d'habitude si élégante avait été bâclée par une main tremblante. Elle observa un moment la vitrine de la grande guerre, juste derrière elle. Tous les noms des héros de Poudlard étaient marqués, gravés dans de l'or, gravés à jamais, pour que rien ne s'oublie. Il s'agissait là de la période la plus sombre de l'Europe sorcière, certainement depuis la chasse au sorcière. En cours d'Histoire de la magie, elle avait souvent essayé de s'imaginer quel genre de personne elle aurait été, à cette époque. Sans grand succès. Elle n'y arrivait pas, tout simplement. Elle qui d'habitude, était pleine d'imagination - un trait commun à la maison Serdaigle -, se retrouvait complètement bloquée quand il s'agissait de s'imaginer vivre dans des temps pareils. Elle n'aurait pas fait long feu, en tout cas. C'était du moins ce qu'elle pensait, loin de se douter qu'en elle sommeillait une vieille conscience. Peah restait donc muette, et Cordélia dut meubler ce silence : « Quelqu'un a découvert ... tu sais quoi ? Si c'est le cas je peux m'en charger, ce ne sera pas un problème très longtemps ». Peah fronça les sourcils et répondit fermement : « Non ». Elle s'était toujours sentie monstrueuse, depuis qu'elle avait été mordue. Malgré les dires de son père, puis plus tard malgré ceux de Cordélia, de Nimueh dans une moindre mesure. Maintenant, elle se demandait si ce n'était pas Cordélia, le véritable monstre. Elle lui avait toujours dit que si quelqu'un découvrait le grand secret qu'elles partageaient, elle s'en chargerait. Peah n'y avait jamais fait trop attention, se sentant plutôt soulagée d'entendre ça. Mais maintenant, elle était effrayée à l'idée de ce que Cordélia pourrait faire. Pour elle. Pourrait-elle aller jusqu'à tuer quelqu'un, si cette personne menaçait le secret ? Ou se contenterait-elle d'un sortilège d'Oubliettes, ce qui rendrait quand même la personne totalement amnésique et bonne pour un internement à vie à Ste Mangouste. Est-ce que Peah se voilait la face, accusant Cordélia d'être un monstre mais en même temps, en se reposant sur elle pour faire des choses qui étaient nécessaires mais qu'elle-même ne pourrait jamais faire. Peah secoua la tête. Il ne s'agissait pas encore d'elle et de Cordélia. Elle était là parce que Perceval avait été brûlé, parce que Cordélia l'avait attaqué, consciemment ou non. Peah se demandait comment aborder le sujet, elle réfléchissait tellement qu'elle finit par lâcher d'une voix blanche : « As-tu oui ou non tenté de tuer Perceval ? ». Cordélia était impatiente de savoir ce qui l'amenait ici, et bien elle était servie. A présent lancée, Peah n'attendit même pas la réponse et enchaîna : « Tu sais tout de moi, Cordélia. Et moi, je me rends compte que je ne sais rien. ». Elle aurait voulu ajouter " Que parfois, tu me fais peur ", mais elle n'osa pas. Elle était partagée entre l'envie d'accabler la Serpentard et en même temps, elle espérait qu'il y ai une explication. Tout à la fois, elle se demandait ce qu'elle aurait fait sans Cordélia, sans ce qu'elle était. Que ferait-elle, sans elle ?

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La jeune fille ne pensait sincèrement pas que Perceval aurait cafté. Après tout, elle pensait que le jeune homme serait capable de garder pour lui ce qu'ils avaient vécu et qu'il ne cafterait pas auprès de leurs amis communs. Elle avait visiblement eu tort – bien qu'elle ne le savait pas encore. Pour elle, Peah n'avait pu demander à la voir qu'en raison de sa lycanthropie. Elle savait à quel point la maladie de la jeune fille pouvait lui causer des véritables périodes de peur et de paranoia et elle faisait toujours de son mieux pour la rassurer quand de telles choses arrivaient. Voilà pourquoi elle s'était rendue au rendez-vous avec l'esprit plus ou moins tranquille. Rien de bien méchant n'avait pu arriver et elle réussirait à rassurer la serdaigle. Cependant, elle fronça légérement les sourcils face à la dénégation de la brune. Elle ne comprenait pas pourquoi celle-ci semblait si stressée et tendue si cela n'avait pas à voir avec son secret. Ce n'était pas dans ses habitudes de faire du drama et Cordélia ne comprenait donc pas vraiment ce qui avait bien pu se passer. Est-ce que quelque chose de grave était arrivé à Seeley? Non. Si cela avait été le cas, elle aurait été la première informée. Tout le monde savait à l'école que les deux jumeaux étaient liés comme les doigts de la main et qu'il ne fallait absolument pas se mettre entre eux. Quelqu'un s'en était personnellement pris à Peah pour une raison autre que son statut de loup-garou? Même si c'était le cas, la serpentarde doutait sincèrement du fait que la brune ne vienne pleurer dans ses jupons. Elle avait toujours été capable de se défendre seule et Cordélia ne se faisait que très rarement du souci à son égard. Ce n'était pas comme avec Echo qui avait malheureusement le don d'attirer les ennuis, non. Peah pouvait se débrouiller seule et ils n'étaient pas nombreux à oser affronter le courroux de la jeune femme. Elle s'apprêtait à prendre la parole, entrouvrant la bouche, quand la bleue et bronze la coupa pour s'exprimer avant elle, la faisant froncer les sourcils puis se glacer dans le choc. Elle ne put même pas répondre que celle-ci rempilait, repoussant toujours plus la Lysaght dans ses retranchements. Au fur et à mesure que la jeune fille parlait, Cordélia se renfermait de plus en plus sur elle-même et devenait de plus en plus sombre. Refroidie à l'extrême, l'expression du visage méconnaissable, elle gardait les lèvres closes alors qu'elle se contentait de fixer sa vis à vis avec un calme – trop – glacial. Finalement, finirent par s'entrouvrir de nouveau, laissant s'échapper un murmure menaçant à geler le sang, une voix profonde et grave qui n'était pas celle de la jeune fille au quotidien. "Laisse-moi te retourner la question. Si j'avais voulu tuer ce crétin de Rosier, crois-tu vraiment qu'il serait encore là aujourd'hui pour en parler?" La réponse était bien évidemment négative. Cordélia n'était pas du genre à laisser ses ennemis en vie quand elle pouvait les achever et si elle avait voulu faire disparaître Perceval de la surface de la terre, elle n'aurait eu aucun mal à le faire. Remontant son sac sur son épaule, elle regardait Peah avec un mélange de froideur et de distance, une expression qu'elle ne lui accordait jamais. Celle-ci venait de mettre le nez dans des affaires qui ne la concernaient pas, et cela ne plaisait pas du tout à Cordélia. "Parce qu'il n'y a rien d'intéressant à savoir, voilà tout." Sa voix avait été tranchante, sans appel. Non, il n'y avait rien d'intéressant à savoir à son sujet – et surtout, rien qu'elle n'avait besoin de savoir. C'était comme ça que les choses fonctionnaient avec elle et ceux ou celles qui voulaient mettre le nez dans ses affaires privées, elle les fuyait ou les faisait payer. Elle espérait juste ne pas avoir à choisir une de ces options avec la brune.