Je voulais toujours que ma mère me raconte des contes merveilleux avant que je ne doive aller au lit. À chaque fois, je voulais qu’elle commence par me dire quelle était la fin. Car déjà à cet âge, j’étais impatiente. Impatiente de savoir ce qui m’attendait. Allais-je pleurer à chaudes larmes pour une fin tragique ou allais-je avoir le sourire jusqu’aux oreilles en entendant « et ils vécurent heureux jusqu’à la fin des temps » ? En ce qui concerne mon histoire … certains pourrait la trouver triste. Triste de voir une jeune femme se sacrifier pour une personne dont l’amour n’est pas nécessairement réciproque. Triste de voir une personne de vingt-deux ans mourir aussi jeune pour quelqu’un d’aussi froid que Nikolina pouvait l’être. Pour moi … ma fin est la plus heureuse de toutes. Elle bât même celles qui ont été écrites bien après ma mort. Pourquoi ? Parce que seule moi connaissais la réelle Lina et pourquoi mourir pour elle était la plus belle chose que je pouvais faire de mon existence.


Je cours. Pour l’instant c’est tout ce que je peux faire. Des corps éparpillés se trouvent sur mon chemin, certains étant toujours indemne, tués par le sort impardonnable « Avada Kedavra » et d’autres, laissant les dalles ainsi que les murs des couloirs teintés du sang sombre de leur défunt propriétaire, comme s’ils étaient mort en essayant de faire une peinture morbide. Même après avoir tué plusieurs personnes, je ne peux me résoudre à m’habituer à ce spectacle. Tuer ou être tué, telle est la triste vérité. J’essaie donc tant bien que mal de ne pas regarder les corps que j’enjambe  à toute vitesse, regardant autour de moi à la recherche d’une tête blonde en plein combat tout en jetant nombres de sorts aux sorciers qui m’approchent de trop près. Finalement, je le vois. Là, devant moi, Aleksander regarde au loin. Je suis son regard et voit une blonde tombant du toit et s’envolant sur un dos de dragon. Briséis avait réussie à partir d’ici ! Un sentiment de soulagement m’habita soudain, mais j’en sorti fort vite lorsque je vis un sorcier de Poudlard qui profitais de ce moment d’inattention afin de s’approcher rapidement de mon meilleur ami et de lui planter un poignard en plein cœur. À cette distance, c’était impossible qu’il ait manqué sa cible. Pendant de longues secondes, je ne réagis pas. Je ne peux croire qu’il va mourir, qu’il va partir, me laissant là, toute seule. Je le vois tomber à genoux, il est presque sur son assaillant, du sang coulant de sa bouche. C’était complètement irréel et je commençais à avoir le regard trouble, des larmes se formant au coin de mes yeux. Le sorcier se leva alors et s’en alla comme s’il n’avait rien fait de mal lorsque je sortie de ma torpeur et que je commençai ma course effrénée vers Aleks, les larmes coulant sur mes joues. Lorsque je suis arrivée à sa hauteur je m’effondre à côté de lui, mettant mes deux mains sur ses joues qui commencent déjà à devenir froides. À moitié conscient de ce qu’il arrive, il m’esquisse tout de même un sourire. Un sourire ravissant. Comme il avait l’habitude de me faire lorsqu’il me voyait arriver vers lui … et il rendit son dernier souffle.

- Non …. Non ! Non ! Non !
Mes mains se mirent soudainement à trembler, ne pouvant presque plus les contrôler.  J’essayai de me calmer, faisant le truc que Briséis m’avait donné lorsque quelque chose ne me plaisait pas. Un … deux … trois … Inspirarion ... Expiration ... Rien n’y fit. Je continuais de trembler et je commençais à être hors de moi. Autour, les combats continuaient, quelques élèves de Durmstrang tombant ici et là. Lorsque j’essayai de retrouver l’assassin d’Aleks, il était déjà parti.

[…]

- Tu es nouvelle ici ?
- Oui, je suis arrivée il y a quelques jours.
- Ça te dirait que je te fasse visiter le château ? Je le connais comme ma poche. À ces mots, le petit garçon qui me faisait face mis ses mains sur ses hanches, fier de lui.
- D’accord.
- Au fait, mon nom c'est Aleksander et toi ?
- Lukeria.

Il  m’avait alors tendu la main et je l’avais suivi. Il m’avait tout montré. Du sous-sol jusqu’au grenier. Les meilleurs endroits afin de se cacher au jeu de cache-cache(c'est d'ailleurs pour ça qu'il perdait tout le temps). Absolument tout !  Il m’avait pris sous son aile lorsque j’étais arrivée à Durmstrang, remplaçant en quelque sorte le frère que je venais de perdre lorsqu’il avait plongé dans les eaux sombres d’un lac gelé. Depuis ce temps-là, nous étions devenus inséparables et il était devenu mon petit Gary (et ce, même s'il avait sept ans et moi cinq).

[…]

Soudainement, je brandis ma baguette en décrivant un grand cercle autour de moi, suivant les colonnes qui faisaient le contour de la pièce.

- INCENDIO !
Les espaces entre toutes les colonnes se virent alors obstrués par le feu, empêchant quiconque de sortir de la pièce ainsi que d’entrer. La seule chose qui me vint en tête à ce moment-là était que tout le monde parte ou sinon, qu’ils souffrent comme je souffrais en ce moment.

Mon sort ayant attiré l’attention de quelques-uns, ils commençaient à s’approcher de moi et je lançai le sortilège de Doloris à l'un d’entre-eux. Les autres, abasourdis par mon geste s’étaient arrêtés pendant quelques secondes et j’en profitai afin de les tuer pour de bon avec le sort impardonnable que je connaissais maintenant sur le bout de mes lèvres, mes alliés restant me suivant sur ma lancée.

[...]

- Hey Aleksander ! Attend-moi !
Il s’était arrêté alors que je courrais vers lui à grande enjambée. Lorsque je fus devant lui, ma respiration était difficile. Je me couchai au sol à l’endroit où les pieds d’Aleksander se trouvaient, écartant mes jambes et mes bras comme une étoile de mer, essayant de retrouver peu à peu mon souffle. Je me mis soudainement à rire aux éclats.

- Tu sais, ça fait des heures et des heures que je cours afin de te trouver.
Je le vis hausser les sourcils, comme s’il n’était pas certain s’il devait me croire ou non.
- Bon d’accord … ça fait seulement quelques minutes, mais bon maintenant que je t’ai trouvé, je t’ai à moi toute seule pour la journée !
- Tu sais, je m’en allais faire quelque chose d’important, alors ...
À ces mots je me redressai et le regarda droit dans les yeux.
- QUOI ?! Mais je viens tout juste d’arriver ! Qu’est-ce que tu as à faire de plus important que d’être en compagnie de ta super amie ici présente ?
Soudain, un flash de Briséis me vint à l’esprit. Pourquoi diable pensait-il à elle en ce moment ?
- Bon d’accord ... Je te donne congé pour aujourd’hui, mais tu ferais mieux de ne pas en prendre une habitude !
Il tourna donc sur ses talons et s’en alla tranquillement vers ses appartements. Intriguée par ce qu’il allait faire, je le suivis discrètement, prenant bien soin de faire en sorte qu’il ne me remarque pas. Lorsqu’il arriva enfin et qu’il ouvrit la porte tout en s’engouffrant doucement dans sa chambre, j’attendis quelque secondes et me rendit devant celle-ci tout en prenant une grande respiration. C’était étrange. Combien de fois avais-je ouvert cette porte à la volée et m’étais introduite dans sa chambre afin d’aller le réveiller aux aurores ? Cette fois ci, pour je ne sais quelle raison, j’etais nerveuse. Un ... Deux ... Trois. Je tournai la poignée et entrai dans la pièce afin de découvrir Aleks et Briséis, assis côte à côte sur un divan, comme si c’était la chose la plus normale du monde.

- QUOI ?!?!?
La bouche grande ouverte, j’étais tout à fait abasourdie ... Et contente à la fois. Je me précipitai auprès d'eux, ne leur laissant ni le temps de dire quoique ce soit, ou dire quoique ce soit et m’assis aux côtés de la jeune aux cheveux blonds.

- Boniour, moi je suis Lukeria, mais tu peux m’appeler Keria, tout simplement. Toi tu es - tu regarda Aleks – Briséis, non ? Je suis ravie de faire ta connaissance !

[...]

Tous les sorciers venant de Poudlard étaient morts et enfin, je pu faire le sortilège d’aguamenti afin d’éteindre le cercle de feu que j’avais fait plus tôt. Tout le monde évacua alors la place, partant aux autres endroits du château afin de voir s’il y avait d’autre combat à mener. Mais moi, je retournai auprès d’Aleksander, lui tenant la main pendant ... Je ne sais plus combien de temps. Tout ce que je sais, c’est que j’avais été retirée de lui de force tellement je ne voulais pas le quitter. Il m’a d’ailleurs fallu bien du temps avant que je puisse commencer ne serait-ce que le début de mon deuil.

Je me sentais bien seule par la suite au château. Aleks n’était plus, Briséis était partie ... Je restais donc toujours aux côtés de la femme que j'aimais : Nikolina, qui d'ailleurs, ne me rendait pas plus la tâche aisée. Elle continuais toujours autant de me rejeter, comme lorsque je l'avais rencontrée il y avait de cela plusieurs années. Nous formions une excellente équipe dans la marche de l'ouest, mais cela déplaisait au plus au point Nikolina lorsque je revenais toujours vers elle dans notre vie privée. Car si elle trouvais bien pratique que je sois legilimens de naissance, elle prenais toujours un très grand plaisir à m'envoyer balader comme un vulgaire moustique lorsque je venais la voir pour d'autres raison que le travail. Par contre, je n'ai jamais lâché le morceau, car je n'y pouvais rien : je l'aimais. Et lorsque tu es amoureuse, tu peux tout faire afin de parvenir au bonheur. C'est donc pour cette raison que peu importais le nombre de fois qu'elle me disait de partir et de ne pas revenir, j'allais tout de même continuer. Je ne pouvais tout simplement pas me résoudre à lâcher prise.

Trois années plus tard, il y eu un nouveau raid à Durmstrang. L’histoire se répétait à nouveau et j'étais encore plus féroce que la dernière fois, lançant des sorts afin même qu’ils n’aient eu le temps de dégainer leurs baguette. Je jetais un « Avada kedavra » à une jeune fille qui se dirigeait vers moi lorsque je vis sur ma droite Nikolina et un garçon qui voulait la prendre par surprise par derrière. Je me mis donc à courir le plus vite vers elle et me mis entre elle et lui alors qu’il lançait un sortilège. Une voix, un sort mortel et je m’écroulai sur le sol. J’entendis Nikolina crier quelque chose et ensuite elle se trouvait au-dessus de moi, disant mon nom comme je l’avais fait avec Aleksander. Je lui fis mon plus beau sourire comme il l’avait fait avec moi et lui dit à quel point j’étais contente d’avoir pu être à ses côtés et ce fut le trou noir. Je ne ressentais désormais plus rien mais une chose est certaine, j'étais heureuse à ce moment-là, car j'avais réussie à la sauver.

Je tombe au sol et soudain, je vois quelqu’un qui se trouve au-dessus de moi. Elle crit quelque chose, mais j’ai du mal à comprendre de quoi il s’agit. Comme si elle me parlait tout en étant sous l’eau. Flou, incompréhensible. Je ressens une douleur atroce, comme si j’allais mourir d’une minute à l’autre, mais en même temps, je ressens de … la joie ?

Je me réveille en sursaut. Mon cœur bat la chamade et je me touche le front. Ma main est aussitôt mouillée par de la transpiration. J’ai chaud et mon cœur continue de battre extrêmement vite dans ma poitrine. Je rabats les couvertures à mes pieds et sort de mon lit, le temps d’enfiler une veste, je sors de la chambre. Il faut à tout prix que je sorte. Lorsque l’air frais emplie enfin mes poumons, je peux commencer à reprendre un rythme cardiaque normal. J’avais encore fais ce cauchemar. Je meurs encore et encore, nuit après nuit. Impossible de rêver à d’autre chose. Comme si quelqu’un (ou voir moi-même, qui sait) voulait m’envoyer une espèce de message. Mais je ne veux qu’une chose : arrêter de faire ce terrible rêve, car il me fait extrêmement peur.

[…]

Bonjour ! Moi c’est Dylan, mais pratiquement tout le monde m’appelle Dydy, mis à part Garrett qui se plait à m’appeler Odile la débile (mais bon, ça c’est seulement entre nous). Je suis née dans un trou paumé de Londres avec mes parents et mon frère de deux ans mon cadet. Par contre, je n’étais jamais bien souvent à la maison – y allant seulement pour dormir - préférant de loin la compagnie de mon meilleur ami Garrett. Inséparables, nous faisions absolument tout ensemble et participant à des aventures plus folles les unes que les autres. Enfin … jusqu’à ce qu’il ait atteint ses onze ans et qu’il ne m’apprenne qu’il devait partir en pension pour garçon et ce, pendant une année complète. Disons que ça a été un coup dur et passer un an sans la moindre nouvelle de lui avait été une véritable torture. Par contre, cela me laissait une chance de tisser des liens avec mon petit frère, mais je ne pouvais m’empêcher de me ressasser encore et encore les mêmes questions dans ma tête : Que faisait-il en ce moment ? Est-ce que je lui manquais ? M’avait-il oubliée ? Allait-il réellement revenir ou étais-ce une arnaque et je ne le reverrais plus jamais de ma vie ? Avec toutes ces questions, c’est une Dylan à moitié paranoïaque et collée à son bras qu’il trouva à son retour un an plus tard, comme promis.

Après son retour, nous avons passé des vacances d’été formidable. Rattrapant le temps que nous avions perdu, si j’étais plus souvent chez lui que chez moi auparavant, cette fois-là je vivais pratiquement chez Gary, dormant plusieurs nuit d’affilées dans sa maison et en sortant seulement afin d’aller me chercher plus de vêtements propres. Pauvre garçon ! Sa chambre était devenue un véritable foutoir et ont ne voyait presque plus les lattes de bois du plancher tellement il y avait de vêtements et de casquettes en tout genre (eh oui, j’aime les casquettes) … mais trop vite, l’été était terminé et Gary devait repartir. Mais en fait, moi aussi j’avais un endroit où je devais aller !
J’y étais ! Le quai 9 ¾. J’étais soulagée et excitée à la fois. Mais surtout contente d’avoir pu le trouver à temps. Le long train noir et gigantesque était majestueux, de la vapeur sortant de toutes parts, aveuglant n’importe qui s’y trouvant pour la première fois afin d’arriver à se déplacer convenablement dans ce flot de personnes inconnues. Enfin … c’était ce que je croyais jusqu’à ce que je distingue une tête qui me semblait étrangement familière. Je m’étais donc approcher de la personne, tranquillement afin de vérifier si c’était vraiment celle que je croyais. Lorsque j’en fus certaine à cent pourcent (bon d’accord peut-être plutôt soixante-dix …) j’allai dans son dos et mis mes mains sur ses yeux tout en disant – Devine c’est qui ! Il s’était alors tourné, le sourire aux lèvres et les yeux légèrement écarquillés (après tout, c’était toute une surprise) et je l’avais tout de suite imité. Gary était content de me voir et je l’étais tout autant. Il m’avait alors ébouriffé les cheveux et nous étions montés à bord du train en direction de Poudlard.

Je vous épargnerai les détails de mes cinq dernières années, car il faut l’avouer, c’est beaucoup trop long et vous risqueriez de vous endormir en m’écoutant parler. Par contre, lors de ma deuxième année, j’ai découvert quelque chose sur moi : j’aime les femmes. Lorsque je l’ai appris à mes parents … ça a été la crise générale. Ils disaient que je n’étais pas leur fille, que ça ne pouvait pas être vrai … Bref, ils ne l’acceptaient surtout pas et ce sont par la suite concentrés sur mon petit frère, me considérant presque comme une orpheline qu’ils avaient recueillis. Par chance, j’avais de bons amis qui m’entouraient et qui m’ont soutenu tout au long de cette épreuve et qui ne m’ont pas le moins du monde jugés. C’est donc pour cette raison que malgré tout, cette année-là a été l’une des meilleures de toute ma vie, eh oui, seulement l'une des meilleurs, car elles sont toujours plus belles d’année en année.

Mais qui est donc cette fille qui m'a fait réaliser que j'étais de l'autre côté de la clôture ? Nimueh, cette jolie fille de la maison de Serpentard. Ce que je peux la trouver formidable et ce, depuis la première fois où je l'avais vue dans la cours d'école, assise toute seule sur un banc. Au départ, je ne savais pas du tout quoi faire. Est-ce que je devais l'approcher toute en douceur ? Car il fallait se l'avouer, elle avait l'air .... froide. Ou devais-je alors aller la voir toute en décontraction ? Finalement j'y été allée avec ma saveur : toute en bonne humeur ! Elle m'avait alors regardée avec un de ces regards ... Vous ne pouvez pas savoir ce que la peur est jusqu'à ce que vous le voyiez ... Juste à y penser j'en ai des frissons dans le dos. Mais bon, j'y suis retournée le lendemain. Et la journée d'après, et la journée d'après ! Je crois que par la suite, elle s'est peu à peu habituée `à ma présence dans sa vie. Nous parlions de tout et de rien ... enfin, c'était surtout moi qui faisait la conversation, mais elle y prenait part une fois de temps en temps, mettant son petit grain de sel par-ci par-là. Elle rit des idioties que je peux faire ou alors de mes mimiques qui la font toujours sourire. Peu à peu, enfin, je crois, je parviens à faire en sorte qu'elle m'aime de plus en plus.