Le sol froid du manoir endolori quelque peu la plante des pieds nus de l'enfant marchant doucement sur les tapis longs de plusieurs mètres courant tout le long du couloir principal. La lune étale sa blanche lumière à travers les carreaux des grandes fenêtres alors que les yeux endormis de l'enfant ne donnent guère qu'un petit crédit à la beauté de cet astre immortel. "Они напали. Бобатоне упал, это произошло очень быстро. Это хорошая вещь, мы можем, наконец, начать.". L'écho de la voix paternelle vient percuter les tympans du jeune Marcovic qui traîne ses petits pieds jusqu'aux deux grandes portes menant au salon. "Привлечены нам пить!" tonne la voix caverneuse et imposante de monsieur Marcovic alors que les portes s'ouvrent pour laisser apparaître une jeune femme qui se hâte vers les cuisines où elle trouvera surement une bouteille d'alcool préparé pour l'occasion, une occasion que le jeune Duncan ne comprend pas. "Что вы делаете сэр?" le garçon sursaute et se retourne vers la silhouette qu'il reconnait comme étant celle de sa nourrice. Une brave femme, au visage taillé à la serpe et à la voix granuleuse, rongée par les années d'alcoolémie. "Шум разбудил меня. Что происходит?" un sourire fugace apparaît sur le visage de la femme avant de s'envoler, comme s'il n'avait jamais existé. "Французы потеряли уверенность в себе и школу. Дункан, началась война. Это начинается новая эра." il ne comprend pas, pas tout à fait. Du haut de ses dix ans, il observe la femme qui l'a élevé durant près de neuf années complètes. Il ne comprend pas ce qu'elle dit, ce que ça signifie. Une guerre ? Pourquoi ? Il apprendra par la suite que Durmstrang a détruit Beauxbâtons, que les rues sont à feu et à sang, qu'un jour il rejoindra les rangs russes et se battra pour la suprématie des siens. Il apprendra à aimer cette idée, à s'y faire, à devenir ce pour quoi on l'a crée. Et ça lui plaira.

"Ils ont attaqués. Beauxbâtons est tombé, ça s'est fait très vite. C'est une bonne chose, on va enfin pouvoir commencer."
"Ramènes nous à boire ! "
"Que faites-vous là monsieur ? "
"Le bruit m'a réveillé. Que se passe-t-il ? "
"Les français ont perdu leur belle assurance et leur école. Duncan, la guerre a débuté. C'est une nouvelle aire qui commence. "

Les années avaient passées, la guerre s'était perpétué. On avait fini par oublier que la paix était possible, qu'elle avait existé. En se réveillé en guerre, l'ont vivant en guerre et l'on s'endormait en guerre. L'entrée à Durmstrang, la plus grande école de sorcellerie au monde selon nos compères russes, changea Duncan. D'un petit garçon obéissant et doux il devint cette sorte de cafard au sourire carnassier qui regarde ses camarades d'une façon bien trop malsaine pour être permise. Eurus de feu, il était ce maître de torture en puissance qu'on lui apprenait à être. Il n'avait pas eu le choix. On lui avait dicté comment anéantir cette partie en lui qui lui dictait ce qui était moral de faire ou pas. Au programme de son éducation ne subsistait que les différentes manières d'obtenir des informations, la façon la plus adéquate pour trancher un membre, la façon de s'exprimer pour créer la peur et la soumission. Une graine sombre et dévastatrice qui avait germé en lui pour déployer un homme qui faisait froid dans le dos. Qui effrayait ses propres parents. Puis il y avait eu le remède, une personne qui avait eu le don d'anéantir toute cette haine, toute cette adoration pour la douleur et les hurlements. L'espace de quelques instants Vaslav redevenait ce garçon devenu adolescent trop vite et qui ne demandait qu'un peu d'attention, d'affection. Nikita, une jeune femme au caractère doux et réconfortant. Une sang-mêlée, une traitre à son sang, une amie des moldus et sang-de-bourbe. Une femme que Vaslav n'aurait jamais du connaitre, une femme qu'il n'aurait jamais du aimer. Et c'est avec cette femme qu'il décida d'unir sa vie, dans le secret le plus total, uniquement éclairé par la flamme chaude d'une bougie usée et poussiéreuse. Un anneau au doigt de la jeune femme, un anneau accroché autour du cou du jeune homme. A seize ans, Valsav venait de s'unir avec une traître à son sang, dans le plus grand secret. Il ne le regretta jamais, mettant de côté toute cette haine et la noirceur de son coeur le temps d'une embrassade, d'une union sous les draps.


Les traits durs, le visage froid. Devenu homme trop vite, Vaslav se tenait devant ce corps propre de toutes coupures, de toutes écchymoses. Un prisonnier, fraîchement arrivé. C'était son premier, à sa charge personnelle. Il devrait lui soutirer des infos, le plus possible. Et pour cela, il allait s'amuser. Il allait oublier que Nikita désapprouvait la guerre, ses yeux tristes lorsqu'elle le voyait arriver et son humanité toujours plus grandissante, déjà trop présente pour ce à quoi il devait faire face désormais. Il ne pouvait plus se permettre de penser à elle, à lui, il ne devait réfléchir qu'à la personne en face de lui, cet enfoiré de britannique qui mourrait après lui avoir donné les informations qu'il désirait obtenir. C'était ce pour quoi il était là, c'était ce pour quoi il ne sortirait pas de cette pièce avant d'avoir obtenue ce qu'il désirait. Vaslav prit une profonde inspiration avant de fermer les yeux et d'ôter sa cape de voyage pour la poser sur la table derrière la chaise où se trouvait le britannique. "Nous pouvons commencer Igor." dit-il a l'intention d'un de ses camarade, venu ici pour l'aider au cas où il faillirait à sa tâche. Vaslav se saisit d'une chaise et vint s'asseoir face au prisonnier qui regardait fixement ses chaussures. Le jeune russe se remémora ses cours, les leçons que les professeurs s'étaient entêtés à leur apprendre pour faire d'eux les plus brillants maîtres en torture que le monde est jamais connu. Vaslav espérait en être digne, il espérait rendre fier ses supérieur et pour cela il allait devoir mettre de côté tout ce qui pourrait l'en empêcher. Il resta immobile de longues minutes, observant, détaillant la personne assise et enchaîné face à lui. C'était un élève, du moins un adolescent, quinze ans à tout casser. Ses cheveux blonds étaient remplis de poussière et sa peau était aussi blanche que la neige qui parcourait le sommet des plus hautes montagnes. Un petit garçon, le genre de brebis égaré qui se met à parler parce qu'il a jamais souffert de sa vie et qu'une simple incision suffit à lui faire délier sa langue. Un sourire moqueur apparu sur les commissures de Vaslav qui garda son immobilité aussi longtemps que recommandé. Puis tout alla très vite. Son poing vint percuter la mâchoire du blond et un craquement effroyable s'éleva dans la pièce alors que la petite perdrix laissa échapper un cri de douleur mélangé à de la surprise. Le bas de sa mâchoire ballottait mollement. "Comment pénétrer dans Poudlard ?" demanda Vaslav d'une voix dure et sans appels. Le britannique ne bougea pas, continuant de pleurnicher sur sa mâchoire cassée. Le russe soupira, s'agenouilla et se saisit de la mâchoire blessée de l'anglais et tourna son visage pour planter ses yeux clairs dans celui apeuré de son prisonnier. Il hurla, de douleur, de peur. "Je ne répéterais pas ma question mon petit...et crois moi tu ne veux pas savoir tout ce que je pourrais te faire pour obtenir ma réponse." le menaça-t-il. Pour réponse, l'anglais cracha au visage de Vaslav qui ferma les yeux et soupira. "Je t'aurais prévenu.". Quatre longues heures passèrent, Igor sortie au bout de deux, prétextant un appel de leur supérieur pour ne pas avoir à assister plus longtemps à la séance de torture. Lorsque Vaslav sortie de la pièce, ses mains étaient trempées, d'une couleur carmin qui ne laissait aucun doute quant à son origine. Ses vêtements étaient foutus, ses yeux brûlant d'une folie que l'on n'éradique jamais réellement. Fier, il se présenta à son supérieur, les réponses attendus obtenues.


"Chut Nikita...chut, fais moins de bruit je t'en pris !" supplia le déserteur à l'oreille droite de sa femme qui était en train de donner naissance à leur enfant. Cela ne faisait pas longtemps qu'ils avaient fuit la Russie et déjà Vaslav craignait pour l'avenir. La fin de la guerre avait anéanti la Russie ainsi que sa famille. Son mariage avec Nikita fut révélé et il fut renié. C'est à ce moment là qu'il pris la décision de fuir avec sa belle. Loin. Le plus loin possible. Ils s'exilèrent durant quelques mois en Italie avant de finalement prendre le chemin de l’Angleterre où Vaslav avait un contact qui pourrait lui donner la possibilité de recommencer une nouvelle vie, sous une nouvelle identité. L'idée de partager le quotidien des britanniques hérissait les poils du dos du russe, mais il se devait de protéger sa femme et l'enfant à venir. Il avait déjà fait trop souffrir et  c'était son devoir que de faire tout ce qui était en son pouvoir pour donner la meilleure vie possible aux deux seules personnes qui croyaient encore en lui. Peu importe les atrocités qu'il avait beau avoir commis, Nikita ne l'avait jamais laissé. Elle était toujours resté présente et aimante, comme au premier jour. Elle faisait fi des instants de folies de son mari durant lesquels il pouvait se mettre à hurler des choses insensées et détruire tout ce qui pouvait lui tomber sous la main. Elle faisait fi des nuits tourmentés durant lesquels il murmurait sans raison. Elle faisait fi du sang sur ses mains et de son statut de déserteur. Parce qu'elle l'aimait et qu'elle portait en elle son enfant.
Un cri, un second. Allongée sur un lit de fortune elle agrippait ses mains aux rebords en bois et poussait comme si sa vie en dépendait. Vaslav, incapable de savoir quoi faire, essayait de la calmer, de lui murmurer des mots qui saurait la rassurer. La vérité était qu'il était terrifié, il n'avait aucune idée de la marche à suivre, de ce qu'il devait faire, de ce qu'elle devait faire. Ils étaient deux  jeunes personnes de même pas vingt ans abandonnées dans une Angleterre en reconstruction et en pleine période de folie, de procès. Les minutes s'étirèrent en heure et Vaslav pu enfin voir arriver son héritier, son fils. "Oh mon dieu...seigneur tout puissant." murmura-t-il en se saisissant du bébé, n'ayant dès lors d'yeux que pour lui, caressant les petites joues humides de cet être qui était la chair de sa chair. "Il est magnifique Niki'...Niki ?" demanda-t-il alors que la jeune femme ne lui répondait pas. Il releva la tête. Il n'eut jamais de réponses, l'enfant n'eut jamais de mère. Nikita s'en était allé aussitôt que l'enfant était arrivé. Une vie pour une vie, peut-être était-ce le prix à payer pour toutes les vies que Vaslav avait prit durant la guerre...


Tout c'était passé tellement vite. Il n'arrivait toujours pas à expliquer réellement ce qui c'était passé. C'était le matin, il était tôt, le soleil venait à peine de se lever et Nikolaï s'était endormi dans les bras de Vaslav qui avait passé la nuit à essayer de l'endormir à coup de berceuses et d'histoires, rien n'avait fonctionné. Si seulement Nikita était là, elle aurait su quoi faire elle. Vaslav était en deuil, il n'acceptait pas. Il aurait du savoir la protéger, la protéger de la mort. Une mort qu'il avait tant donné, il aurait du savoir comment l'en préserver. Mais non, trop apeuré et sans moyens il avait juste pu la regarder mourir et l'enterrer une fois la nuit tombé pour éviter d'être vu, d'être surpris. L'Angleterre était tombé dans une folie destructrice, plus rien n'avait de sens, tout le monde perdait l'esprit à essayer de trouver qui avait été un disciple des russes. Alors Vaslav se faisait plus discret, plus absents, il restait des journées entière à l'intérieur pour éviter d'attirer les soupçons. Puis la porte s'était ouverte à la volée, cinq jeunes gens étaient rentrés et s'étaient empressé de le maintenir et de l'emporter. Il avait était traîné jusqu'à une estrade, un peloton d’exécution où avaient été érigés trois bûchers. Vaslav ferma les yeux alors que les gens autour de lui le frappait de leurs insultes, de leur mépris. Pauvres âmes stupides. Il leva la tête et la dernière chose qu'il vit avant de se faire emporter par la douleur des flammes mordant sa peau fut le dernier reflet de la lune avant que la soleil ne vienne le cacher à tout jamais. Ainsi mourut Vaslav Marcovic, dix-neuf ans.

Le silence régnait à table, seul le bruit métallique des fourchettes cognant les assiettes résonnait dans la pièce. Comme chaque repas, de chaque jour, de chaque semaine depuis aussi longtemps que je puisse m'en souvenir. Ça avait toujours été comme ça. On vient, on s’assoit, on mange, on repars. Je n'allais pas me plaindre, ça me convenait totalement. Je préférais cela à ce qui pourrait émaner de la bouche de mon père s'il venait à vouloir parler. Nous n'avions jamais réellement parlé lui et moi, à quoi bon ? De lui je n'avais hérité que mes cheveux foncés et ma taille. En dehors de ces deux petits détails, nous étions aussi différents que la lune et le soleil, l'hiver et le printemps. J'étais son sang autant qu'il était absent. J'avais cessé depuis longtemps de lui demander des renseignements quant à l'identité de ma mère, de notre mère. Edda, elle, ne semblait pas y mettre une grande importance. Peut-être ne voulait-elle pas savoir qui elle était, peut-être pensait-elle que c'était mieux ainsi. Et peut-être l'était-ce..."Sel." dit-il fermement sans même jeter un regard à ma soeur qui s'empressa d'obéir, trop apeuré des conséquences si il s'avérait qu'elle ne l'eut pas fait assez vite. Nous n'avions pas d'elfe de maison. Je me souvenais en avoir possédé un, quand j'étais plus jeune, mais mon père avait vite du les vendre. Je n'avais jamais réellement su si la famille O'Griffin était connu dans le monde magique ou pas. A vrai dire, je ne savais pas grand chose du monde magique. Les seuls informations que j'en avais, elles venaient de mes grands-parents, lorsque j'avais quatre ans. Puis un jour nous avons cessé de les voir, cessé d'entendre parler du monde magique et j'avais même fini par oublier qu'Edda et moi étions sorciers. Du moins, c'était une hypothèse. Encore fallait il que nos pouvoirs se manifestent et je savais qu'ils ne le feraient pas de si tôt et que peu-être ne le feraient-ils jamais. Mon père était un cracmol, fils de sang-mêlé il n'avait jamais manifesté de dons pour la magie et s'était retiré du monde magique avec toute la haine qu'il pouvait contenir envers les sorciers. L'amertume, peut-être était-ce qui a fait fuir ma mère. Je n'en savais rien. J'ignorais jusqu'à son prénom, son nom, la couleur de ses yeux. Mes grands-parents ne m'avaient au grand jamais parlé d'elle, peut-être le feraient-il un jour. Ou peut-être pas.
"Tu feras plus vite la prochaine fois." gronda-t-il alors qu'Edda baissa la tête et sembla vouloir la cacher entre ses épaules. "Elle a fait aussi vite qu'elle a pu papa !" dis-je de façon trop impulsive, trop naturelle. J'avais toujours regretté d'avoir parlé, les quelques fois où je lu avais tenu tête. Il n'était pas le père exemplaire, c'était même plutôt le contraire. Il pouvait se passer une semaine sans qu'il ne daigne nous faire prendre un bain, puis il lui arrivait d'avoir des sauts d'humeur où il se mettait à hurler des insanités sans raisons. Les voisins ne disaient rien, personne ne disait rien. Pourquoi se taisaient-ils ? Avaient-ils autant peur que nous de parler ? Je fus interrompu dans mes pensées lorsque la sonnette retentit. Un juron échappa à l'homme qui me servait de père avant qu'il ne se lève pour aller ouvrir. Edda resta immobile sur sa chaise, incapable de manger alors que je me penchais sur ma chaise, essayant de voir qui se trouvait sur le pas de la porte. Mon sang ne fit qu'un tour lorsque je reconnu l'uniforme d'un policier. "Monsieur O'Griffin, je vais devoir vous demander de reculer, brigade de protection des enfants." tout se passa rapidement. Une assistante sociale entra dans l'appartement, sous les jurons et insultes de mon père. Elle nous demanda de préparer nos affaires, de ne prendre que le nécessaire et ce à quoi nous tenions le plus. Je ne saurais aujourd'hui vous décrire quel genre de sentiment se mélangeait en moi à ce moment là. J'étais soulagé, surpris aussi. J'avais peur, peur de ce qui allait se passer maintenant. Je ne réalisais pas que nous ne reverrions jamais notre père. Je ne m'attendais pas à ce que nous soyons placés dans une famille d'accueil aussi rapidement, que la vie reprendrait son cour comme si de rien n'était.


Le temps passe rapidement lorsque l'on est heureux et bien traités. Les années avaient filés et notre nouvelle famille avait peu à peu pris la place d'une vraie famille, de celle que l'on a toujours eu et à qui l'on ne tournera jamais le dos. J'étais reconnaissant envers ce jeune couple d'artiste qui, avec beaucoup de chance et de talent, avaient réussi à percer dans le monde de l'art et ainsi gagner une place dans l'élite culturelle du pays de galle. J'étais heureux en me levant, heureux en me couchant. Edda ne s'était pas adapté aussi bien que moi, il lui était arrivé de venir me trouver quelques soirs pour pouvoir dormir à mes côtés, se blottir dans mes bras et ainsi pouvoir rêver en paix. Elle avait peur, tellement peur que notre père ne revienne nous reprendre. Mais je m'étais fait la promesse de ne jamais laisser qui que ce soit faire du mal à Edda, pas elle, pas ma soeur. Elle était la seule famille qui me restait, la seule personne plus importante que moi-même dans ce monde. On me disait souvent égoïste, la vérité était que je n'avais pas peur d'avouer d'abord penser à moi avant les autres. Mais Edda arrivait juste après. Elle serait toujours devant tout le reste.
Le monde magique que nous avions commencé à oublier revint à nous lorsque nos pouvoirs se manifestèrent. D'abord surpris et désarçonné, nos parents s'adaptèrent pourtant bien à la nouvelle et finirent même par avoir un certain enthousiasme à posséder deux sorciers dans la famille. Quant à moi, j'eu enfin l'impression de trouver ma place, de renouer avec ce qu'avais pu être ma mère. Avait-elle était une grande sorcière ? Ou une jeune femme plus modeste qui avait suivi ses études avant de tomber amoureuse de mon père et tout abandonné pour pouvoir se consacrer à une vie en sa compagnie ? Je ne pensais pas. Même une femme soumise et n'ayant aucune forme d'ambition dans la vie ne voudrait laisser de côté la magie pour un homme comme mon père biologique. Non. Jamais.

"Tu vas voir, je suis sûre que ça va être géant." murmurais-je, enthousiaste, à Edda alors que le Poudlard Express entamait sa course le long des champs et des plaines anglaises. Nous avions laissé nos parent sur le quai, avant la voix neuf-trois-quart. Je m'étais attendu à ressentir une légère peine en les quittant mais aucune trace de tristesse n'avait effleuré mon esprit. J'étais bien trop pressé de découvrir Poudlard, la célèbre école de magie ! Je n'étais pas très familiarisé avec le monde magique, il me restait encore tant à apprendre, tant à découvrir et à apprécier. "Dis Duncan..." "Oui ?" je la vis hésiter, chercher ses mots, baisser la tête. Je fronçais les sourcils et posa mes doigts sous son menton pour relever son visage. "Ne baisses plus jamais les yeux Edda, jamais." lui dis-je avant de lui sourire avec tout le réconfort que je pu trouver en moi. Elle m'adressa également un sourire et ce fut surement l'une des plus belles choses que j'eu jamais vue. Notre échange fut interrompu lorsque la porte de notre compartiment s'ouvrit, laissa la place à un duo plutôt banal. Une fille aux cheveux blonds et au regard malin, suivit d'un adolescent aux cheveux noirs déjà vêtue d'un uniforme sur lequel figuré un blason représentant un aigle sur fond bleu. "Salut ! C'est possible de venir avec vous ? Les autres compartiments sont vides...ou remplis de serpentard." demanda l'adolescent avec une voix qui témoignait de son avancé dans la puberté. J'adressais un regard à Edda qui avait profité de cette diversion pour fourrer son nez dans un de ces livres que l'on nous avait demandé d'acheter sur le chemin de...de je ne savais plus, ça me reviendrais surement plus tard. J'hésitais quelques instants avant de déclarer en me poussant pour laisser de la place: "Bien sûr, venez." ce geste me surpris, je n'avais pas l'habitude d'accepter l'entrée de nouvelles personnes dans mon monde, dans notre monde à moi et Edda. Ça avait toujours été nous contre les autres et voilà que j'acceptais les autres auprès de nous. Peut-être que cette nouvelle école me ferait plus de bien que je ne le pensais. "Trop cool, merci !" s'exclama la fille blonde avant de venir s'asseoir bruyamment à côté de moi. Elle m'observa de haut en bas avant de sourire à pleine dent. "Je m'appelle Morgane ! Et toi comment tu t'appelles ?" "Duncan. Et lui ?" demandais-je à Morgane en désignant d'un signe de la tête l'adolescent boutonneux. "Je m'appelle Hayden, merci de demander." me répondit-il sur le ton de la rigolade. Les deux compères se regardèrent avant d'éclater de rire et je me sentis gêné. Je tentais alors de trouver un peu d'aide en la personne de ma soeur, mais cette dernière semblait soudainement totalement fasciné par ce qui était écrit dans son livre...le voyage fut court, mouvementé. Le château me laissa sans voix, sans pensées, sans roi, nu de toute connaissance, bouche bée, enfin vous m'avez compris. Je découvrais ce qu'était la magie, la vraie, ce qu'était la beauté. Lorsque l'on me coiffa de ce vieux chapeau poussiéreux, je ne savais toujours pas dans quelle maison je souhaitais réellement me diriger et c'est avec surprise que j'entendis l'objet magique dire à voix haute "Serpentard !".




La fraîcheur d'octobre glissait sur les murs de la vieille bâtisse et venait titiller la peau confronté à cette légère brise. La lune venait de se lever et je rentrais d'une après-midi passé près du lac noir en compagnie de Morgane et deux autres serpentard. Quand je me rappelais la surprise et le choc que cette dernière avait eu lors de sa répartition à serpentard, le rire me venait naturellement et il m’arrivait encore d'en rire tout seul. Je ne voyais pas vraiment ce que les autres maisons pouvaient nous reprocher, nous faisions ce que nous voulions et nous n'avions pas peur de mouiller notre pantalon pour l'avoir. Le monde n'était pas bâtie par le courage du lion ou le savoir des aigles, mais par l'ambition des serpents. En tout les cas, je m'étais découvert un réel enclin pour l'eau, pour les étendues aquatiques. Je me sentais bien près du lac et j'avais souvent envie de boire, de prendre une douche ou de me laisser tomber dans une baignoire rempli d'eau tiède. Je n'y prêtais à ce moment là pas grande attention, ignorant totalement que cela puisse m'aider à découvrir qui était ma mère biologique.
Je montais les marches menant au deuxième étage lorsque de lointains sanglots attirèrent mon attention. Je fronçais les sourcils, me dirigeant vers l'origine de ces pleurs tentant de se faire discret mais échouant totalement. C'est avec une surprise amère que je découvris Edda, assise contre un mur du couloir, pleurant. "Edda ?" cette dernière sursauta et sembla se maudire d'avoir fait tant de bruits. "Qu'est-ce que tu fous là ?" me cracha-t-elle, pensant surement que la haine qu'elle pouvait simuler à mon égard marcherait et me ferait décamper. Je vins m'asseoir à ses côtés, étendant mes jambes au sol, attendant qu'elle daigne me parler. Edda avait fini par s'adapter à Poudlard et avait même fini par apprécier l'endroit. Elle s'était faite des amies, avait fréquenter plusieurs garçons, subit de nombreuses ruptures, avait reçu de bonnes et de mauvaises notes. Elle avait fini par avoir la vie d'une élève tout à fait normal et c'est ce que j'avais toujours voulu pour elle. Gardant toujours un oeil sur elle, je continuait à exécuter la promesse que je m'étais fait il y a de cela quelques années. Les minutes s'écoulèrent et elle sembla peu à peu se calmer. "C'est Hayden..." mes sourcils se froncèrent d'avantage. Qu'avait-il osé faire ? Je me souvenais sa promesse, faite il y a de cela quatre mois. Lorsque j'avais appris pour lui et Edda, je l'avais pris entre quatre murs, lui faisant promettre de ne jamais faire le con avec elle, d'être toujours honnête et de la traiter du mieux possible. Il avait promis. "qu'est-ce qu'il a fait ?" demandais-je, la colère perçante dans ma voix. "Non non, c'est pas lui...c'est...C'est moi. Je...enfin il voulait et...et pas moi. J'étais pas prête mais...mais lui il voulait quand même et je..." je la coupais en la prenant dans mes bras. Elle était petite tout autant que j'étais grand, la dépassant d'une bonne trentaine de centimètres, renforçant mon sentiment de protection envers ce petit bout de femme qui venait de subir ce que personne ne devrait avoir à vivre. "C'est bon Edda...C'est pas ta faute." lui dis-je pour la rassurer, mon sang battant à tout rompe dans mes veines, la colère venant mordre tout ce qu'elle pouvait de moi.

"HAYDEN !" criais-je à l'attention du jeune homme alors que nous nous dirigions vers le terrain de Quidditch pour un entrainement amical. Le serdaigle se retourna et me lança un regard avant de déclarer: "Pas maintenant Duncan." je dépassais trois élèves avant de me poster à ses côtés. "Oh si ! Maintenant Hayden. Tu as fais du mal à Edda et ça je peux te dire que tu vas le regretter. Elle était pas prête et toi t'as quand même voulu coucher avec ! Je peux te jurer que..." il s'arrêta et me coupa "J'ai dis pas maintenant ! Si tu veux on en parle après l'entrainement, mais là il est hors de question que ta mauvaise humeur ne déteigne sur nous tous." et il me planta là, fulminant, je pris sa suite. Une fois sur le terrain, nous sommes montés sur nos balais respectifs, avons frappés le sol du pied et nous sommes envolés. Je pris la batte d'un des poufsouffle qui avait était volontaire pour venir s'entrainer avec nous et me mis sur la trajectoire d'un cognard. "HAYDEN !" hurlais-je avant de frapper de toute mes forces dans le cognard qui alla percuter de plein fouet le batteur de serdaigle. "O'GRIFFIN !" hurla le professeur qui était chargé de nous surveiller alors que je regardais avec contentement Hayden s'écraser au sol.



Où avais-je échoué ? A partir de quel moment son état avait-il commencé à empirer, à se dégrader ? Qu'avais-je fais de mal ? Pourquoi elle ? Tant de questions qui continuaient de me hanter la nuit, dans mes rêves, mes songes et mes cauchemars. Je l'imaginais la corde au cou, épuisée par ses démons. Elle apparaissait dans mes tourments sous la forme d'un spectre toujours plus effrayant, nuit après nuit. J'étais incapable de savoir quel mal avait fini par avoir raison de sa santé mental et je m'en voulais, c'était de ma faute. J'aurais dû veiller plus promptement à sa sûreté, à son confort et son bonheur. Au lieu de cela je m'étais lancé dans une quête stupide et ridicule. Ma mère, mes ancêtres, mes racines. J'avais voulu découvrir d'où nous venions réellement. Alors après Poudlard, après avoir réussi mes examens, je suis parti, laissant Edda derrière moi comme je n'aurais jamais du le faire. Elle n'a rien dit lorsque je lui ai fait mention de mes désirs de voyage, de ma volonté de trouver des réponses. Elle n'a esquissé aucun geste lorsque j'ai embrassé son front avant de partir, laissant derrière moi le silence désastreux causé par l'absence de la seule personne capable de vous maintenant saine d'esprit. Je n'aurais jamais dû partir, j'aurais dû veiller sur elle. Rien de tout cela ne serait arrivé. Je n'aurais jamais appris l'existence des demi-naïade, pas plus que l'existence de ma mère, mais j'aurais toujours eu Edda. Elle ne serait pas tombé malade. Son esprit ne se serait pas détraqué comme une machine enraillé qui s'autodétruit progressivement.

"Bonjour Edda..." dis-je à l'intention de la silhouette assise sur une chaise métallique. Je n'avais eu d'autres choix que de la placer dans un endroit qui me faisait frissonner rien qu'à sa mention. Je m'avançais vers elle et posais une main sur son épaule. Un frisson la parcouru et son regard vint se planter dans le mien. Elle ne dit rien. Elle tremblait, mais son regard ne se brisa pas. Ce que j'y vit me noua la gorge. Il n'y avait rien. Nul vie ne subsistait dans ses orbes d'un bleu céruléen. Sa peau adamantine était fade et recouverte d'un de ces habit que l'on enfile aux patients pour éviter qu'ils ne se blessent. La jeune sorcière douée et banale que j'avais connu et protégé était partie loin, dans un lieu que je ne pouvais atteindre. Et plus les jours passés, plus j'avais peur de finir par la rejoindre. Mes nuits s'agitaient bien trop, des rêves insensés me poursuivaient. Je m'embrouillais dans ma propre identité. Étais-je celui que je pensais être ? Je n'étais plus certain de rien désormais...Je pris une chaise et vins m'asseoir face à ma soeur. Je cherchais ses prunelles et lorsque je les trouvèrent enfin un frisson me parcouru et quelque chose m'immobilisa. Un flash. Le noir, puis une pièce humide et sombre. J'étais assis sur une chaise en bois, mes mains étaient ensanglantés et Edda avait disparu. Un homme, blond, un adolescent qui ne devait pas avoir plus de quinze ans. Je le regarde, il me regarde. Dans son regard se lit toute la terreur qu'un homme est capable d'appréhender avant de devenir fou. "Je vous en pris, je vais tout vous dire mais... arrêtez...pitiez." son visage est bleu, rempli d'ecchymoses et sa mâchoire ainsi que son nez tombent de façon désarticulés. Ma respiration s'affole, où est-ce que je suis ? Je me lève de cette chaise qui grince et me retourne, faisant alors face à un adulte au visage émacié mais dur. Il me fusille du regard et je tremble de tout mon sou face à ce regard de feu, me regardant comme si je n'étais rien d'autre qu'une brique dans le mur. " Куда ты идешь Маркович? Это не была закончена, он не сказал нам все, что знал. ". Je le pousse de toutes mes forces avant d'ouvrir la porte et de me retrouver dans le couloir blanc de l'hôpital. Une infirmière passe devant moi, me regarde bizarrement, puis s'en va. Je pose ma main sur mon visage. Mais qu'est-ce qui se passe nom de dieu ?