Tout était sensé se passer à merveille, comme si toute trace de conflit, de haine ou de préjugés avait disparu de la surface de la terre. J'avais eu foi, foi que cette journée se passe bien, sans encombres, sans un mot de travers de sorte que chaque élève puisse voir et comprendre qu'une guerre passé ne modelait pas le présent. Que malgré les morts, les vies ôtés, les destins changés, le monde magique restait unis et solidaire et quoi de mieux qu'une compétition s'étalent sur plusieurs mois ? Une compétition amicale, dans la bonne humeur, la joie, les rencontres et les amitiés naissantes. Quelques passions auraient pu se déclencher, mais elles auraient été calmé par les voix de sagesses contenu dans les esprits des directeurs des trois écoles de magie mondiale...Oui, tout était sensé bien se passer. Mais la fourberie russe est imprévisible et sanglante.

Mon regard s'éprenait avec tristesse de ce tableau peint de flammes et de cris. Des cris de surprise, d'horreur. L'horreur face à ce navire volant s'écrasant aux abords du lac noir. L'horreur de la surprise, celle que l'on aimerait jamais connaître. Le bruit. Le bruit du feu qui crépite, des pas pressés des élèves qui se ruent à l'intérieur du château, des navires s'écrasant au sol, des chevaux de beauxbâtons affolés frappant le pavé de leurs sabots. Trop de bruit, trop de choses imprévus. Je hais l'imprévue autant qu'il me chérit. L'affolement s'empare d'une grande partie des élèves alors que le reste ne bouge pas, regarde les yeux ébahis ce qui se passe sous leurs nez. Je sillonne parmi les élèves, vérifiant que tout le monde soit sauf, que personne n'est était blessé dans toute cette débandade. Puis une main sur mon épaule, un léger sursaut de ma part et je retrouve le murmure du directeur au creux de mon oreille gauche. J'écoute attentivement ses ordres, prenant conscience de tout ce qu'il me disait, tout ce que cela signifiait et sous-entendait. J'approuvais alors d'un geste du visage avant de me retourner pour analyser la situation plus calmement, le brouhaha se faisait moins intense au fur et à mesure que les élèves rentraient dans le château. Je devais me rendre à la carcasse du navire échoué près du lac et pour cela, je devais amener quelques élèves avec moi, pas trop jeune, cela allait de soit. Je me mis donc en marche, l'incertitude me tiraillant les côtes. "Mademoiselle O'More, veuillez me suivre." dis-je en interpellant la première élève susceptible de pouvoir m'aider dans ma tâche. Une fois cette dernière a mes côtés, je me remis en marche et repérait du coin de l'oeil un élève de Griffondor que j'interpellais à son tour. Ma petite équipe constitué d'une serdaigle et d'un griffondor ressemblait plus à un groupe de fortune accroché les uns aux autres pour faire face à on ne savait trop quoi. Je me retournais à la recherche d'un dernier élève. Mon regard tomba sur une poufsouffle. "Mademoiselle Stonem, venez avec nous." dis-je sur un ton qui ne laissait pas la place à une quelconque opposition. La situation était dangereuse, il nous fallait agir rapidement.

"Le directeur m'a chargé d'aller sécuriser les restes du navire s'étant écrasé aux rives du lac. Vous m'accompagnez, vous ne faites rien sans mon accord et si je vous dis de faire quelque chose, vous le faite. Me suis-je bien fait comprendre ?" annonçais-je alors que nous descendions la centaine de marche qui menait aux hangar à barques. L'air était pesant et humide et cela ne faisait que s'accentuait au fur et à mesure que nous nous rapprochions de l'eau. J'avais un mauvais pressentiment et une multitude de questions tourbillonnaient en mon esprit. "Maxwell et Stonem, vous prenez une barque. Mademoiselle O'more, vous venez avec moi." lançais-je alors que je poussais la porte pour rentrer dans le hangar. Quelques secondes plus tard, nous étions sur l'eau, assis par pair dans des barques qui nous menaient vers l'inconnu, vers cette carcasse qui pouvait contenir toutes les horreurs du monde tout comme elle pouvait ne plus rien contenir du tout. Je laissais traîner quelques instants ma main dans l'eau, laissant sa douceur et sa fraîcheur insufflait en moi le courage et l'apaisement que cet élèment pouvait m'apporter. L'eau était pour moi aussi essentiel que l'air et sa proximité me faisait le plus grand bien, me calmant, me faisant me concentrer sur la tâche que je devais accomplir aujourd'hui.
 

Je me rendais doucement compte que j'aurais préféré accomplir cette tâche seul. La présence de ces trois élèves me demandait une attention particulière, attention que j'aurais pu focaliser sur les restes du navire qui laissaient échapper une fumée noirâtre de l'autre côté du lac. Mais non, le directeur eu cru bon de m'assigner des élèves, de me donner une responsabilité supplémentaire, les ramener sain et saufs au château. Mais j'ignorais ce que nous allions trouver, je ne pouvais promettre de les ramener indemnes et sans la moindre ecchymose. Le fait que les russes aient transportés des artéfacts de magie noire ne présageait rien de bon et rien de meilleur ne pouvait subsister dans cette carcasse de bateau volant. Les flammes au loin, léchant le bois, me mettait mal à l'aise. J'avais l'impression qu'il se moquait de moi, que ce feu pourrait se jeter contre mon visage à tout instant et m'engloutir comme une brindille dans un feu de forêt. Je ne m'étais jamais senti bien en présence d'une flamme, de chaleur trop importante. Le feu me donnait l'impression de mourir à petit feu et il me hantait, il me hantait la nuit lors de mes cauchemars. Ces cauchemars où je me retrouvais attaché dans un lieu inconnu, face à des personnes inconnues et dans un corps semblable au mien et pourtant habité par ce que je ne pouvais décemment pas être. Des cauchemars, rien de plus. Des rêves morbides dans lesquels je mourrais sous les flammes après avoir enduré la morsure du feu et agonisé de tout mon soul.  Seulement des cauchemars...

"Elle s’appelle comment la serdaigle avec O’Griffin ? Si c’est la même histoire que Pré-au-Lard, j’aimerais pouvoir dire le nom de ceux qui étaient avec moi au cas où ils disparaissent subitement… " entendis-je en provenance de la seconde barque sur le lac. Presque un murmure, mais nous n'étions pas bien éloignés, deux à quatre mètres tout au plus. Je ne tenais pas à les perdre de vue. Notre petite équipe aux représentant des quatre maisons de Poudlard ne devait pas se dés-unifier, sous aucun prétexte je ne devais les perdre de vue. "Monsieur Maxwell, êtes-vous d'humeur pessimiste ?" demandais-je d'un ton sarcastique avant de tourner mon visage vers l'intéressé. "Vous pouvez tout aussi bien quitter votre barque et rentrer au château à la nage, vous serez trempés mais certains de ne plus courir aucun risque." rajoutais-je d'un ton plus sévère, plus abrupt. Je refusais d'être accompagné de pessimistes prêt à tout pour prouver que tout était une mauvaise idée. Un griffondor se devait d'être courageux, j'espérais que Ciaràn Maxwell tiendrait ce trait de caractère si propre à sa maison. Je me tournais alors vers ma camarade de barque et lui glissait : "Vous pouvez vous détendre mademoiselle O'more, ce n'est pas en serrant votre baguette ainsi qu'il vous sera plus facile de vous en servir si la situation venait à déraper." d'un ton confiant et aussi calme que possible dans la situation actuelle. Les barques continuaient leur pèlerinage sur des eaux trop calmes par rapport aux évènements qui venaient de se dérouler à ses abords.